Fond, Arg. sur le —

Les arguments sur le fond traitent de l’objet, de la substance du débat, pour construire une réponse à la question qui motive et oriente ce débat.
En anglais, ils sont dits argument addressed to the thing ; to the point, to the matter; on the merits ou on the substance of the case;  dealing with the matter (at hand)

Dire qu’un argument porte sur le fond du débat c’est dire qu’il est pertinent pour le débat, et qu’il constitue une contribution substantielle à la discussion.
D’un point de vue évaluatif, les arguments sur le fond sont les seuls dont la force et la valeur méritent d’être discutées et qui doivent être conservées dans le dossier de l’affaire.
Cela ne signifie pas qu’ils sont automatiquement validés. Une partie peut, par exemple, invoquer un précédent, ce qui est clairement une démarche légitime et substantielle. Le précédent peut cependant être critiqué et rejeté, par un argument montrant que les faits allégués comme des précédents ne sont pas suffisamment similaires aux faits discutés. Bien que sur le fond, cet argument  est finalement déclaré non pertinent pour la présente discussion.

La discussion sur le fond est évitée, par exemple, lorsqu’une personne accusée de corruption et de détournement de fonds publics répond à l’accusation par une contre-accusation de misogynie, en utilisant un argument classique substituant une arrière-pensée privée et potentiellement honteuse à une bonne raison publique et honorable, V. Mobiles et motifs

Comme les arguments dits ad judicium ou ad rem,  les arguments sur le fond ne sont pas des types d’argument, c’est-à-dire des formes de raisonnements menant à une conclusion, comme le raisonnement par analogie ou par les contraires. N’importe quel type d’argument peut en principe être ou ne pas être utilisé pour discuter du fond ou de la forme d’un débat.

1. Argument sur le fond et arguments sur la forme

Les arguments sur le fond du débat sont complémentaires des arguments sur la forme du débat, qui portent sur les conditions dans lesquelles se déroule la discussion. Ces derniers ont trait au cadre, à la procédure et aux règles selon lesquels la question est traitée.
Par exemple, les participants peuvent objecter que les documents nécessaires à leur bonne information ne leur ont pas été distribués à temps ; ou que le quorum n’est pas atteint. 

2. Arguments fondés sur le logos et arguments sur le fond

Des associations trompeuses pourraient conduire à penser que les arguments liés au logos sont logiques et donc objectifs, qu’ils traitent des objets eux-mêmes et, par conséquent, de la de la substance et du fond des choses. En tant que tels, les arguments dérivés du logos s’opposeraient alors aux arguments éthotiques et pathémiques, ces derniers étant davantage liés à la subjectivité.
Dans l’argumentation quotidienne, tout comme les arguments “logo-iques”, les arguments éthoïques et pathémiques exploitent le logos, entendu comme langage et discours. Dans une situation argumentative, c’est la question seule qui détermine l’objet, la matière et la substance du débat. Autrement dit, il ne suffit pas pour un argument de se référer à un objet ou à un événement, il faut encore que cet objet soit l’objet du débat.
Les arguments faisant référence à des personnes, à leurs valeurs et à leurs émotions sont substantiels (ad rem et ad judicium) dans la mesure où ils sont pertinents pour la question. Le rappel des condamnations antérieures d’une personne n’est pas dénué de pertinence dans tous les contextes. La description de l’état de choc émotionnel dans lequel la victime a été trouvée, par exemple, peut être pertinente pour le tribunal. Le problème est de distinguer les aspects de la personnalité qui sont pertinents pour la discussion de ceux qui ne le sont pas.

3. Arguments périphériques et arguments sur le fond

Il en va de même pour les arguments indirects (périphériques) qui exploitent circonstances  des  événements constituant l’affaire discutée.
Un argument sur la personne, par exemple, peut être un argument sur le fond selon sa pertinence pour la discussion : “Le témoin déclare avoir vu le suspect près du lieu du crime, au moment du crime” ; ou non : “Le témoin déclare que le suspect est un bon ami à lui”.