Non contradiction

1. Principe logique de non contradiction

En logique, le principe de non contradiction et le principe du tiers exclu disent que l’une des deux propositions “P” et “non P” est nécessairement vraie, et que les deux ne peuvent pas être vraies simultanément, V. Proposition, §321
Ces deux principes définissent simultanément ce qu’est la vérité et ce qu’est la négation logique. Ils interdisent d’affirmer des choses contradictoires, une chose et son contraire.
Le principe de non contradiction est considéré par la logique classique comme une loi de la pensée et comme un axiome possible depuis que la logique s’est mathématisée. Un système logique respectant le principe de non-contradiction ne contient pas d’antinomies, il est dit consistant.

2. La contradiction moteur de l’argumentation

L’argumentation est un mode de traitement d’une contradiction entre deux locuteurs tenant des discours défendant les conclusions générales incompatibles.

La contradiction argumentative peut avoir différents statuts discursifs.
— Elle peut émerger et être thématisée dans un même dialogue.
— Elle peut se dégager de la confrontation entre deux discours monologaux, quelle que soit leur distance temporelle, que ces discours fassent ou non référence l’un à l’autre.
— Elle peut être portée intentionnellement par un discours contre un autre discours.

V. Désaccord ; Question argumentative ; Stase ; Négation-Dénégation ; Destruction ; Réfutation ; Contre-discours.

La contradiction argumentative exploite les relations d’opposition entre propositions et entre termes, V. Proposition ; Contraire et contradictoire ; Termes Contraires.

3. Non contradiction comme impératif de cohérence

Appliqué au discours monologal, l’application du principe de non contradiction se traduit par une exigence de cohérence,   et la mise en évidence de contradictions est un puissant instrument de réfutation, V. Ad hominem ; Absurde ; Dialectique.

4. S’évader du principe de contradiction

En politique — Selon la règle fondamentale de la dialectique aristotélicienne, tout discours qui aboutit à une contradiction est irrationnel et doit être abandonné. La dialectique hégélienne voit dans l’apparition la contradiction le moteur de l’Histoire. L’homme politique cynique peut se réclamer de Hegel pour dissimuler son opportunisme.

Le Discours sur le plan quinquennal de Staline présente une ardente apologie du contradictoire en tant que “valeur vitale” et “instrument de combat”. Une des grandes forces de Lénine […] était son aptitude à ne jamais se sentir prisonnier de ce qu’il avait prêché la veille comme vérité. […] Le fameux mot de Mussolini, “Méfions-nous du piège mortel de la cohérence” pourrait être signé de tous ceux qui entendent poursuivre un œuvre au sein de courants qu’ils ne peuvent prévoir.
Julien Benda, La trahison des clercs [1927].

En poésie, l’affirmation d’un paradoxe, par exemple sous la forme d’un oxymore, permet de résister à la mise en contradiction : “Ô blessure sans cicatrice !”. Une telle affirmation paradoxale n’est pas considérée comme absurde ou fallacieuse et éliminée en tant que telle. Elle déclenche une quête d’un sens symbolique plus profond pouvant être attaché à blessure et cicatrice dans ce contexte de cet énoncé.