Jean-Philippe Magué (ENS de Lyon) et Denis Vigier (Université Lyon 2)
Responsables :
Syntaxe, Sens et Textualités
L’équipe Syntaxe, Sens et Textualités développe ses recherches à l’interface de la linguistique descriptive (français, arabe, anglais, allemand) et de la sémiotique, de l’informatique linguistique et de la linguistique de corpus. Son originalité réside dans l’appréhension interdisciplinaire des langages et des discours sur les plans épistémologique, méthodologique et descriptif, aboutissant à une saisie transversale et innovatrice des problématiques. Ces problématiques sont explorées par le biais de séminaires mensuels ainsi que des collègues invités, et par des projets de recherche fédérateurs (colloques et publications notamment). Des projets de diffusion des savoirs sont également mis en place auprès du grand public.
SYNTAXE
Syntaxe et lexique
Plusieurs membres de l’équipe développent des travaux articulant syntaxe, macrosyntaxe, lexique et discours. Sont abordés notamment les problèmes de segmentation syntaxique dans des textes non normés (tweets, textes d’élèves, oral) et des structures interrogatives dans l’oral réel et dans l’oral représenté. En macrosyntaxe, certaines structures détachées font l’objet d’études comparatives entre le français et d’autres langues (ainsi les nominatifs pendants en français et en chinois). Concernant enfin la relation syntaxe-lexique: à partir du principe selon lequel forme et sens (linguistique) sont isomorphes (principe logiquement lié au postulat de la langue vue comme système), les propriétés syntaxiques et distributionnelles sont l’outil privilégié de l’explication de faits inattendus: par exemple que des catégories relevant a priori du même paradigme n’admettent en réalité pas les mêmes cotextes (être en bateau vs *être en navire, aller à la cuisine / *à la chambre, …), ou que des synonymes existent dans la langue (mourir / décéder, hippique / équestre, payer en espèces / liquide, …).
Chronosyntaxe
La chronosyntaxe (Macchi 2006) réunit l’étude de la “syntaxe” et celle de la “construction” (linéarisation de la structure informationnelle). Cette approche prend en compte les parcours réalisés par les interlocuteurs en interaction (Online Syntax, Auer (2009) en analyse du discours (Principle of Temporal Sequence (Tai 1985) en syntaxe chinoise). Cette approche s’applique à la comparaison des langues romanes, germaniques, celtiques, sémitiques, du basque etc.
Textes fondateurs de la tradition grammaticale et scientifique arabe
Édition et traduction du Mufaṣṣal d’al-Zamaḫšarī, un précis de grammaire qui connut une vogue considérable dans l’Orient musulman et qui exerça une influence très importante dans l’Orient arabe, dans le monde iranophone et dans la tradition syriaque ; l’ouvrage peut être considéré comme la source principale des grands traités classiques .
Traduction, pour la première fois en français, du Canon de la médecine d’Avicenne / Ibn Sînâ (m. 1037). Ce traité médico-philosophique de 1600 pages dans l’édition du Caire de 1877 marqua la pensée scientifique arabe médiévale et, après sa traduction en latin au XIIe siècle, influença durablement l’Occident puisqu’il fut commenté et enseigné dans les universités européennes jusqu’au XVIe siècle.
SENS
Signifiance et structures signifiantes
Le terme signifiance renvoie aux phénomènes de production du sens en incluant la dimension matérielle du signifiant en acte, qu’il s’agisse de structures signifiantes de nature verbale, non-verbale (vocale et gestuelle), ou bien iconique ou musicale. Ce terme insiste sur le langage comme activité, comme mise en corps et comme processus interactif et intersubjectif entre participant.e.s. La matérialité de la signifiance s’appuie sur les théories de l’incarnation (phénoménologie du corps et de la perception, tradition merleau-pontienne), et de l’embodiment (rôle du corps dans les représentations sémantiques, paradigme cognitiviste américain). Dans le domaine linguistique, cette matérialité concerne tous les niveaux de l’analyse linguistique, depuis celui de la submorphémie lexicale et grammaticale jusqu’à la syntaxe appréhendée dans sa processualité (chronosyntaxe).
Pratiques du sens et sens des pratiques
Nos travaux en sémiotique du non-verbal s’intéressent à tout support de signification à visée intentionnellement communicative ou non. Ces supports (image, musique, gestes, vêtements, pratiques culturelles, etc.) sont analysés pour mettre en lumière leur nature (image fixe, animée, unique, séquentielle), leur mode de perception (visuelle ou sonore, tactile, olfactive), leur mode de réception (tabularité / linéarité), leur mise en œuvre en contexte et en espace (espace public, urbain, musée, etc.) et leur complémentarité (texte / image) au sein d’un même message (pub, presse, supports pédagogiques, etc.).
Sens social (social meaning), sociolinguistique
Les langues ne sont pas monolithiques mais au contraire empreintes de variation. Les manières de dire sont toujours multiples, conduisant le locuteur à devoir faire des choix conditionnés par son identité, celle de son interlocuteur et le contexte de l’interaction. Outre le sens linguistique, l’énoncé porte un sens social qui informe l’interlocuteur sur l’identité du locuteur. Ainsi, la variation linguistique est modelée par les structures socio-démographiques de la population des locuteurs. L’équipe SST s’intéresse à ce couplage et à sa dynamique diachronique, en particulier avec des méthodes de linguistique de corpus.
TEXTUALITÉ
L’équipe poursuit l’étude diachronique et synchronique de la textualité dans les genres, abordée dans les discours programmateurs (Langue française 206, Langages 221), les encyclopédies (Langue française 214), autour de la textualité de l’exemplification et des bandes dessinées.
Elle poursuit aussi son édition (avec éventuelle traduction) de textes dans le cadre de l’édition et de la valorisation des manuscrits subsahariens.