Véritable exploration dans une version numérisée du Palais des Beaux-Arts de Lille, ce parcours en 360° propose de découvrir différents modes de représentation d’œuvres exposées (des peintures du 15e au 19e siècles).
En naviguant dans l’espace restitué en 360°, vous pourrez observer des images à très haute résolution des tableaux, écouter des commentaires sous la forme d’un audioguide et découvrir l’étude audiovisuelle d’une œuvre faite par des chercheurs.
Réalisé par la cellule Corpus Ingénierie Audiovisuelle du laboratoire ICAR (Sofiane Doulfaquar, Justine Lascar, Julien Thiburce), ce parcours contribue directement aux différentes dimensions appliquées du projet AAA — notamment, l’implémentation d’une méthodologie d’analyse des œuvres et le développement de l’ergonomie du futur dispositif.
Figure 1 – Plan interactif du Palais des Beaux-Arts de Lille – UMR 5191 ICAR
En produisant ce parcours, nous avons l’intention de permettre aux multiples parties prenantes de tester les potentialités du numérique pour augmenter l’expérience des œuvres au musée, à savoir : les professionnels des musées, les publics et les chercheurs. Une diversité de besoins a donc dû être identifiée et prise en compte, aussi bien entre ces trois pôles qu’au sein même de chacun d’eux.
Pour les professionnels des musées par exemple, le rapport aux œuvres et à l’espace du musée varie selon qu’on l’appréhende du point de vue des métiers de la conservation (lié à la gestion et à la valorisation de collections) et de la médiation (lié à la diffusion de connaissances et à la rencontre des publics). Côté recherche, l’enjeu principal consiste à créer un environnement de travail où mettre à l’épreuve les deux concepts-clés à l’origine du projet AAA entre histoire de l’art, informatique et sémiotique : le concept d’œuvre d’art augmentée, qui implique de penser l’articulation entre les œuvres présentes dans l’espace du musée et les données et ressources intégrées dans un environnement numérique ; le concept de musée complémentaire, qui demande de problématiser l’articulation entre les tableaux accrochés au musée, leur(s) numérisation(s), d’autres peintures et d’autres images avec lesquelles elles pourraient dialoguer à l’écran.
Figure 2 – La Déploration du Christ de Luca Penni (1530-1550) et des œuvres complémentaires – UMR 5191 ICAR
Les quatre axes suivants constituent en quelque sorte le cahier des charges qui structure l’élaboration du parcours :
- du point de vue de la reproduction de l’espace du musée et des œuvres qui y sont exposées, les membres du projet sont attentifs au fait que la digitalisation de l’expérience des œuvres pourrait coïncider avec la stratégie de développement culturel du musée ;
- vis-à-vis de l’expérience augmentée des œuvres, l’enjeu consiste à s’assurer que le musée constitue non seulement le point de départ du processus de digitalisation, mais aussi un point d’arrivée, en maintenant le contact avec la matérialité des tableaux ;
- concernant la notion de musée complémentaire, il s’agit de transformer le musée en incarnation de cette mise en réseaux avec d’autres œuvres, où repenser les accrochages à partir du musée réel ;
- concernant la dimension expérimentale du projet, le parcours en vidéo 360° consiste à opérer une transformation du musée dans un espace d’interprétation des tableaux, un laboratoire d’études où mettre en lumière les coulisses de la recherche.
Ce cahier des charges requiert un processus d’ingénierie qui doit tenir un équilibre entre une ingénierie scientifique dédiée aux pratiques des chercheurs et une ingénierie pédagogique au service d’une transmission des connaissances. Dans le projet AAA, qui est centré sur la possibilité de comprendre un tableau à travers d’autres tableaux, tout l’enjeu consiste à articuler les choix opérés par le commissariat d’exposition incarnés dans et par le musée lui-même et les points de vue des chercheurs sur les œuvres à travers les analyses qu’ils en proposent.
Ce parcours représente pour nous l’occasion de questionner la manière dont l’ingénierie des données audiovisuelles peut s’emparer d’un média tel que le musée, les documents et les ressources qu’il propose aussi bien in situ que sur son site internet, fonctionnant comme une sorte d’antichambre de l’expérience de visite (pour préparer un parcours à venir ou pour consulter des images et des informations sur des œuvres rencontrées au musée). L’augmentation des œuvres est donc double : elle concerne à la fois l’espace réel et l’espace digitalisé.
Figure 3 – Enquête sur une œuvre anonyme – reconfiguration de l’espace muséal – UMR 5191 ICAR
Le choix du logiciel 3D Vista® constitue également un paramètre majeur dans les possibilités d’édition. Nous avons utilisé des photographies en 360° plutôt que des vidéos, pour deux raisons : d’une part, pour atténuer les potentielles difficultés de manipulation et d’orientation dans l’image et, d’autre part, pour réduire considérablement la taille du parcours en octet. Ces photos constituent la première couche du dispositif, une sorte de « toile de fond » appelée panorama sur laquelle nous avons ajouté des contenus multimédia. Il existe une grande variété de données disponibles : des œuvres in situ et leur paratexte (encarts et textes des salles), des documents de sites institutionnels (fiches descriptives des œuvres, numérisation de différentes résolutions, audioguides…), des documents d’archives (dossiers d’œuvres comprenant des analogies, des lettres concernant leur acquisition, des documents de communication), des documents audiovisuels de visites guidées et enfin des analyses de chercheurs sur les œuvres et les pratiques de médiation des guides au musée.
Cette version augmentée de l’espace muséal vise à faire du musée le point de départ d’une expérience médiée par écran et le point d’arrivée d’une expérience face aux tableaux, in situ.
Version ordinateur via le lien suivant : Version smartphone via QR code
http://icar.cnrs.fr/projets/aaa/popscience