L’œuvre augmentée – entre passé et futur
Histoire de l’art, Sémiotique et Humanités numériques
Winter school à l’Academia Belgica et à la Villa Medici de Rome
(15-19 janvier 2024)
Contact : Pierluigi Basso pierluigi.basso@univ-lyon2.fr et Gian Maria Tore gian-maria.tore@uni.lu
À l’ère de l’image digitale, l’ordinateur nous offre toujours plus d’images reproduites et mises en réseaux, notamment par l’intelligence artificielle, alors que les médias portables encourageant à leur manipulation sans limites. En même temps, notre époque semble animée par l’exigence de renouveler son rapport aux œuvres d’art selon des formes d’appropriation à la fois plus démocratiques et personnalisées, à l’encontre d’une tradition interprétative considérée comme trop élitiste. Dès lors, l’étude de l’art ne doit-elle pas se relancer à partir de telles tendances : non pas les subir ou les épouser, mais y voir l’occasion d’autant de problématisations précieuses ? C’est en ce sens qu’on proposera de s’attaquer à ce qu’on appelle l’œuvre augmentée. Cette winter school veut offrir par là une occasion de repenser l’œuvre d’art à l’ère du numérique : entre histoire de l’art et sémiotique de l’image artistique, mais aussi entre pratiques d’exposition et modes de visualisation inédits, dans le développement d’une Digital Art History.
Pour commencer, il faudra réinterroger la présence de l’image artistique, qui n’est pas une évidence, ainsi que sa mise en scène, puisque l’œuvre est plus que jamais exposée, reproduite et associée à d’autres images. Focalisée sur la peinture du XVe au XIXe siècles, l’école posera alors au départ une question déjà ancienne : que faut-il voir dans une œuvre d’art pour mieux la comprendre ? Comment faire face à sa singularité ? Comment analyser la manière dont elle réinterroge son environnement culturel ? Or, si l’œuvre est une évidence paradoxale, car difficile et jamais acquise, c’est parce qu’elle consiste en l’ensemble de ce qu’elle peut faire voir, de ce qu’elle a pu faire voir et de ce qu’elle fera voir.
Dans sa présence et son mode d’exposition, l’œuvre n’a jamais été isolée. C’est pourquoi elle a toujours été en un sens augmentée. Il s’agira dès lors de conjuguer une reconstruction des expériences des observateurs avec une réouverture de l’œuvre, grâce à une multiplication des cadres herméneutiques.
Pour éviter que l’œuvre ne soit ramenée à une archive de données, son passé sera mis en relation avec son futur, sa philologie avec sa puissance de dialogue avec d’autres œuvres.
Mais il importera également de concevoir une pédagogie active et critique des médias numériques, qui permettent d’analyser et générer des bases de données très importantes d’une part, et de travailler sur les œuvres autrement d’autre part. Les médias aujourd’hui augmentent l’œuvre d’art à nouveaux frais.
Et ils n’entraînent pas forcément un oubli de la matérialité : au contraire, ils peuvent permettre de maîtriser les couches d’organisation inhérentes à l’œuvre, y compris les traces des altérations subies, et les modes de ses expositions, les liens de l’œuvre avec d’autres objets, passés ou possibles.
D’où un projet cohérent d’augmentation de l’œuvre d’art in situ, que l’école proposera dans une double perspective : archéologique, qui restitue le tissu de relations constitutives de l’œuvre dans le temps ; critique, qui offre un espace imposant l’œuvre comme une puissance d’organisation de notre regard. L’œuvre sera éclairée par la proximité d’autres œuvres ou objets, sur place ou sur écran ; et elle sera analysée par la stratification des gestes de son instauration et sa transmission, matérielles et culturelles. L’objet d’art sera ainsi redéfini en lui-même – en sa poétique, son esthétique – comme en ses tensions avec des dimensions plus vastes – sociales, historiques, technologiques – concernant l’œuvre, l’image, la vision plus en général. Finalement, cette école sera l’occasion d’un effort conjoint de l’histoire de l’art et de la sémiotique visuelle pour faire des analyses de corpus profitant des avancées des nouvelles technologies qui produisent des connaissances.
À cet effet, l’école sera axée sur des ateliers expérimentaux en présence d’œuvres exposées.
L’objectif sera de décrire et d’expliquer les images par d’autres images, en les regroupant par familles et en les connectant dans des rhizomes. La priorité sera donnée au montage et au démontage visuel des images, en réduisant autant que possible sa présentation verbale. Ces activités, encadrées par des conférences épistémologiques et animées par des discussions méthodologiques, seront placées entièrement sous le signe de l’entraînement à l’analyse et de la confrontation, collective et plurielle.
Pierluigi Basso Fossali (Université Lyon 2), Gian Maria Tore (Université du Luxembourg)
Ralph Dekoninck (Université Catholique de Louvain) et Sophie Raux (Université Lyon 2)
Lundi 15 janvier, Academia Belgica
13h30 Présentation des intervenants et des participants Augmented Artwork Analysis, un projet de recherche
14h00 Pierluigi Basso Fossali et Gian Maria Tore, Positionnement du projet et exigences épistémologiques
14h20 Discussion
14h30 Pierluigi Basso Fossali, Ralph Dekoninck et Gian Maria Tore, Questions méthodologiques visuelles : les boards d’images
15h30 Discussion
16h Pause
16h15 Thibaud Latour, Questions de visualisations : une application pour l’analyse via les réseaux d’images
16h30 Tetiana Yemelianenko, Using Multimodal Foundation Models in Visual Arts
16h45 Exercice de classement d’images en dialogue avec l’IA (coordonné par le laboratoire
LIRIS de l’Université de Lyon 2)
17h15 Organisation des travaux
CONFÉRENCE
17h30 Réception
18h00 Bertrand Prévost, Augmenter les images : signe, figure et augure
19h30 Dîner (sur inscription)
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Mardi 16 janvier, Villa Médicis
Accueil à la Villa Médicis avec Francesca Alberti (directrice du dép. d’Histoire de l’Art)
09h15 Accueil au Salon de Musique
09h30 Francesca Alberti et Ariane Varela Braga : Présentation du dernier ouvrage Récits de pierres et de matières à la Villa Médicis
10h00 Francesca Alberti : Présentation de la question Graffiti d’artistes – le cas de la Galerie des
Carrache
10h30 Discussion
10h45 Pause
THÉORIE ET MÉTHODOLOGIE en histoire de l’art, sémiotique & humanités numériques
11h00 Angela Mengoni, La temporalité plurielle de l’œuvre augmentée : logique anachronique et histoire de l’art
11h30 Bertrand Prévost, Corpus, contexte, continuités
12h00 Discussion
12h30 Déjeuner à la Villa
13h30 Visite de la Villa
ATELIERS EXPÉRIMENTAUX
15h00 Débriefing avec le point de vue des participants sur le projet de « l’œuvre augmentée »
15h30 Ateliers par équipes, 1 : Plan pour augmenter un corpus d’œuvres sélectionnées (préparation des visites et appropriation de la plateforme Miro)
17h30 Pause
CONFÉRENCE
18h00 Federico Nurra, Numérique en histoire de l’art ou histoire de l’art numérique ?
19h30 Réception
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Mercredi 17 janvier, Academia Belgica
ATELIERS EXPÉRIMENTAUX
09h00 Ateliers par équipes, 2 : Examen in situ du corpus (travaux à Palazzo Barberini, Sant’Agostino, la Galleria Nazionale d’Arte Moderna e Contemporanea)
13h30 Déjeuner à l’Academia
THÉORIE ET MÉTHODOLOGIE en histoire de l’art, sémiotique & humanités numériques
14h30 Sophie Raux, Effets lumineux et augmentation de l’œuvre d’art : l’apport des outils numériques de simulation d’éclairage
15h00 Discussion
15h15 Pierluigi Basso Fossali, La dramatisation de l’énonciation visuelle : le cas du nocturne en peinture
15h45 Discussion
16h00 Gian Maria Tore, Les motifs de la peinture : bonheurs et impasses des études par collections d’images
16h30 Discussion
16h45 Pause
ATELIERS EXPÉRIMENTAUX
17h15-18h Ateliers par équipes, 2bis : Débriefing des visites
Jeudi 18 janvier, Academia Belgica
THÉORIE ET MÉTHODOLOGIE en histoire de l’art, sémiotique & humanités numériques
09h00 Floor Koeleman, Digital Dosso: Transforming Art Histories into Research Data
09h30 Discussion
09h45 Mathias Blanc, Soutenir une épistémologie visuelle avec le numérique : de l’Iconique de Max Imdahl à l’application Ikonikat
10h15 Discussion
10h30 Pause
10h45 Federico Nurra, Rien n’est “donnée”
11h15 Discussion
11h30 Débriefing avec le point de vue des participants sur la dimension numérique du projet de « l’œuvre augmentée »
12h30 Déjeuner à l’Academia
ATELIERS EXPÉRIMENTAUX
13h30 Ateliers par équipes, 3 : Études pour une présentation augmentée du corpus (travaux sur
Miro)
17h00 Pause
17h15-18h Mise en commun des travaux d’équipes
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Vendredi 19 janvier, Academia Belgica
THÉORIE ET MÉTHODOLOGIE en histoire de l’art, sémiotique & humanités numériques
09h00 Alberto Sangalli, Restaurations et révisions du tableau, à partir d’un cas de Lorenzo Lotto (I) : la dimension matérielle
09h30 Giuseppe Di Girolami, Restaurations et révisions du tableau, à partir d’un cas de Lorenzo Lotto
(II) : la dimension technique
10h00 Discussion sur les interventions et sur la dimension matérielle de l’œuvre d’art, en
relation avec le prochain Congrès Mondial d’Histoire de l’Art
10h45 Pause
ATELIERS EXPÉRIMENTAUX
11h00 Ateliers par équipes, 4 : Mise au point final des présentations
12h30 Déjeuner à l’Academia
13h30 Présentation des études des équipes et discussions :
– Projet Chiesa di Sant’Agostino (45m)
– Projet Galleria Nazionale d’Arte Moderna (45m)
– Projet Palazzo Barberini (45m)
15h45 Pause
16h-17 Discussion des résultats obtenus et projection vers des projets ultérieurs