Souvent les résultats de la recherche servent de support au développement d’initiatives de formation et d’enseignement. Ces actions peuvent être menées par les chercheurs eux-mêmes dans le cadre universitaire ou, en collaboration avec d’autres institutions, dans le milieu de la formation professionnelle. Les chercheurs peuvent également développer des ressources pédagogiques à destination des enseignants (des fiches, des manuels, des plateformes en ligne, des applications…) ou des outils d’auto-formation pensés pour certaines catégories socio-professionnelles – c’est le cas notamment des MOOC (voir section La diffusion au Grand Public).
1 – Enseignement universitaire
Depuis toujours l’enseignement universitaire est étroitement lié à la recherche. Ce sont justement les recherches scientifiques effectuées par les chercheurs et les enseignant-chercheurs qui nourrissent les contenus disciplinaires, afin de fournir des enseignements à la pointe de l’actualité scientifique. Les membres du laboratoire ICAR interviennent dans plus d’une douzaine de masters en Sciences du langage, Didactique des langues et des sciences, Sciences de l’éducation, Lettres, Sciences Sociales, Humanités numériques, Sciences de l’information.
2 – Ressources pour les enseignants
De plus, au-delà d’une exploitation personnelle par l’enseignant universitaire de ses recherches pour alimenter le programme de ses cours, des initiatives pour mutualiser les ressources d’enseignement peuvent être pensées. Traditionnellement, c’est le cas des manuels et des volumes didactiques, qui présentent une approche théorique de manière globale. Par exemple, pour l’analyse interactionnelle, le volume de Véronique Traverso “Décrire le français parlé en interaction” (2016, Editions Ophrys) est très adapté à un public étudiant voulant s’initier à cette approche théorique.
Les étudiants universitaires peuvent également bénéficier des plateformes de mutualisation des corpus (voir section Les infrastructures numériques de mutualisation de corpus), notamment pour profiter des données existantes pour leurs mémoires ou leur thèse.
Les recherches peuvent aussi mener à la réalisation de ressources numériques à l’attention des enseignants et des étudiants. C’est le cas par exemple de la plateforme Clapi-FLE. Créée en concertation avec un réseau de didacticiens et d’enseignants, des membres de l’équipe LIS du laboratoire ICAR ont développé, à partir des corpus de la base CLAPI et des travaux de recherche en interaction, une plateforme proposant différentes ressources (des fiches pré-pédagogiques, des extraits vidéos d’interactions transcrits et analysés, des collections, des fiches explicatives décrivant des faits de langue propres à l’oral, des fiches pratiques prêtes à l’emploi en situation de classe) pouvant servir de supports pour les cours sur le français oral. L’intérêt d’un tel outil réside dans la richesse des corpus oraux authentiques utilisés, qui permettent aux apprenants de s’approcher d’une situation d’immersion recommandée dans l’apprentissage d’une langue seconde (Debaisieux 2009, Boulton et Tyne 2014, André 2016), en sensibilisant l’apprenant au français parlé auquel il sera confronté à son arrivée en France ou dans un pays européen francophone. Par ailleurs, la dimension sociale et culturelle des interactions apporte un éclairage sur les usages et les pratiques françaises pour une découverte de son paysage sonore et visuel (Lhote 1995) mais également pour apprendre à interagir en contexte dans différentes situations ordinaires du quotidien.
3 – Formation professionnelle
Les recherches qui s’intéressent à des situations professionnelles spécifiques, permettent d’adopter une approche appliquée de la recherche et de penser des actions de formation pour améliorer la communication dans ces situations. L’analyse interactionnelle se prête particulièrement bien à être utilisée en formation pour développer le regard critique des professionnels sur leur pratique (Antaki 2011, Filliettaz 2013).
Par exemple, dans le projet REMILAS (REfugiés, MIgrants et leurs LAngues face aux services de Santé), de nombreuses interventions ont été faites dans le cadre de formations à destination d’interprètes et intervenants en santé. Dans ces interventions, à partir du visionnage de quelques extraits de consultations authentiques, les participants sont guidés dans une réflexion sur certains phénomènes typiques des interactions de santé avec interprète (voir Ticca 2018, 2021).
Il est également envisageable de concevoir, à une échelle plus importante, une formation du type Diplôme Universitaire (DU) par exemple, généralement porté par les services formation continu des établissements d’enseignement, et qui s’adapte tout particulièrement bien au rythme des professionnels qui souhaitent s’investir dans une formation diplômante en parallèle de leur activité professionnelle. C’est le cas du DU DIALOGUES “Médiation, Interprétariat et Migration”, porté par l’Université Lumière Lyon 2 et l’ORSPERE-SAMDARRA, en partenariat avec le laboratoire ICAR, et qui s’adresse aux interprètes professionnels et bénévoles qui souhaitent se former et se professionnaliser.
Certains résultats de recherche peuvent être restitués à la société sous une forme adaptée au public visé, explicitée, parfois simplifiée, dans le cadre d’une démarche de création de ressources pour la formation. Supports de formation, plateforme d’auto-formation, autant de modalités différentes qui peuvent venir en appui des formations ou se suffir à elles-mêmes dans une démarche autonome et individuelle de formation. Le cas de la plateforme ODIMEDI, est une illustration d’un outil d’auto-formation développé par le laboratoire ICAR, et basé sur les résultats des recherches menées dans le cadre du projet REMILAS. Cet outil a été pensé comme un outil facile d’utilisation et facile d’accès, gratuit et consultable sur smartphone afin de répondre au profil des principaux utilisateurs, les interprètes et les intervenants sociaux et en santé (voir Piccoli 2021).
Références bibliographiques
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- Alberdi C., Etienne, C. (2021), « Apprendre à interagir en classe de FLE : la situation d’invitation », Cahier VALS-ASLA 2021
- André V. (2016). FLEURON : Français Langue Étrangère Universitaire – Ressources et Outils Numériques. Origine, démarches et perspectives. Mélanges Crapel 37, p.69-92.
- Antaki C. (2011), Applied Conversation Analysis: Changing institutional practices. Basingstoke: Palgrave Macmillan. 63-80.
- Boulton A., Tyne H. (2014). Des documents authentiques aux corpus : démarches pour l’apprentissage des langues. Paris : Didier Coll.
- Debaisieux J-M. (2009), Des documents authentiques oraux aux corpus : questions d’apprentissage en didactique des langues Dans Mélanges Crapel (n° 31, n° spécial, 2009).
- Filliettaz L. (2013), Affording learning environments in workplace contexts: an interactional and multimodal perspective. International Journal of Lifelong Education, 32(1), 107-122.
- Piccoli V. (2021), ODIMEDI: un outil numérique pour la formation des interprètes et des intervenants en santé, Bulletin de Linguistique et des sciences du langage de l’Université de Lausanne 31, 107-123.
- Ravazzolo, E., Etienne, C. & Ursi, B. (2021), « Apprendre les interactions en classe de français : enjeux et pratiques », Recherche en Didactique des Langues et des Cultures (RDLC), 929
- Ticca A.C. (2018), The interpreter’s activity between complexity and simplification in psychotherapy sessions, in L. Anderson, L. Gavioli, F. Zanettin (éds), TAIL: Translation And Interpreting for Language Learners: A volume of teaching/learning activities, Studi AItLA, Bologna.
- Ticca A. C. (2021), Risques et atouts de l’approche interactionniste dans la formation sur l’interprétation en milieu social, Bulletin de Linguistique et des sciences du langage de l’Université de Lausanne 31, 61-80.
- Traverso V. (2016). Décrire le français parlé en interaction. Éditions Ophrys, pp.198, 2016, Catherine Fuchs, 9782708014602. ⟨halshs-01316369⟩