French summary: qu’ils s’intéressent aux « fans » de jeux vidéo, aux passionnés de jeux de société ou encore
aux amateurs de jeux d’argent, de nombreux travaux se sont attachés à comprendre la façon
dont les loisirs en général, et le jeu en particulier, sont des activités sociales importantes dans
l’entretien et le développement des sociabilités mais aussi dans la construction de savoirs. Si
des recherches de plus en plus nombreuses s’intéressent ainsi aux liens entre jeu et éducation,
il est cependant difficile d’établir des relations entre l’acquisition de savoirs ou le
développement de compétences dans une pratique de loisir et leur « transférabilité » dans
d’autres domaines. Pour à mener à bien cette réflexion, nous resituerons d’abord l’état du
débat scientifique pour, dans un deuxième temps, proposer quelques éléments théoriques sur
la relation entre jeu et apprentissage. En attachant une attention toute particulière aux notions
d’expérience et d’apprentissage situé, il s’agira d’analyser les formes et les configurations
sociales – les communautés de pratiques par exemple – au sein desquelles le jeu peut être un
espace « d’éducation buissonnière », pour reprendre l’expression d’Anne Barrère, ou un
support d’éducation plus formel lorsqu’il s’inscrit dans des pratiques éducatives scolaires,
familiales ou associatives.
Nous interrogerons enfin un « angle mort » de la recherche sur le jeu en éducation : la
question des dispositions. En effet, les différentes enquêtes sociologiques que nous menons
sur les pratiques ludiques, qu’il s’agisse de jeu vidéo ou de jeu de société, dans le cadre des
loisirs ou de la formation, révèlent des disparités en termes d’expériences, de socialisations au
jeu et de dispositions à s’engager (ou non) dans telle ou telle forme d’activité ludique. Parfois
explicatives de difficultés rencontrées dans les usages pédagogiques du jeu, ces différences de
culture ludique selon l’âge, le genre ou le milieu socioculturel sont à mettre en relation avec
deux écueils récurrents dans la littérature : celui d’une pensée du jeu comme un trait
« naturel », et celui d’une pensée du jeu comme un dispositif dont ses seules propriétés
techniques et pédagogiques suffisent à engager son joueur.
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