Postdoctorat CNRS – LabEx ASLAN (2019-2021)

Recherche postdoctorale CNRS
Projet PrisM (Prisons et Musées)
Février 2019 – Mai 2021

 

Le projet PrisM (Prisons et Musées) porte sur la gestion collective des représentations du milieu carcéral dans le monde contemporain, en contexte muséal.
Dans le dialogue entre sémiotique et analyse des interactions, il vise à caractériser la négociation complexe de l’expérience de ce milieu lors de visites guidées. La recherche se focalise sur les dynamiques de projection, d’imputation et d’assomption de points de vue sur la condition carcérale en interaction.

Contexte de l’étude
Les institutions muséales élaborent un discours sur les prisons à l’attention de publics où l’ethos de l’énonciateur, en impliquant l’ethos de l’énonciataire, montre inévitablement une posture éthique. Dès lors, sur les plans éthique, rationnel et affectif, quelles dynamiques compétitives ou congruentes émergent entre un espace carcéral thématisé dans une perspective muséographique (visée de l’institution) et un espace éprouvé et remédié par les participants (saisie des visiteurs) ?
Cette étude de la gestion collective des représentations du milieu carcéral porte sur des visites de l’exposition Prison (au Musée de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et au Musée des Confluences) et sur des visites du Mémorial National de la prison de Montluc.

Cadre théorique
Transversal aux WP2 « Écologie des langues » et WP3 « De l’individu aux interactions » du LabEx ASLAN, ce projet s’appuie sur une double articulation épistémologique ayant fait ses preuves dans une enquête sur l’appropriation de la ville (Thiburce, 2015-2018).
La première est celle entre une sémiotique des pratiques qui dresse une perspective modélisante des cours d’actions (Fontanille, 2008 et 2011) et une sémiotique vive où la théorie est mise à l’épreuve de l’objet d’étude qui a sa propre résistance (Basso Fossali, 2008). La seconde relève d’un dialogue entre sémiotique, analyse des interactions (Mondada, 2008) et analyse du discours (Rabatel, 2017), en partant de ce que les acteurs énoncent de leurs expériences, en étudiant leurs propres perceptions, interprétations et énonciations de la scène en cours d’instauration.
Pour ce projet interdisciplinaire, on s’intéresse ainsi à la relation narrative qui se tisse entreactants spatiaux (prison, musée, ville) et actants humains (personnes incarcérées, guides, visiteurs, acteurs sociaux).

Méthode
En lien avec la Cellule Corpus Complexes (ICAR), on constituera des enregistrements audiovisuels d’interactions naturelles et spontanées (Lynch, 2002 ; Traverso, 2008) en situation de visite guidée.
Deux dynamiques de muséalisation des prisons seront enquêtées sur trois sites : celle qui scénographie, représente et débat d’un monde correctionnaire en milieu muséal (exposition itinérante Prison) et celle qui reconvertie un espace carcéral en Mémorial (une prison militaire devient musée). Les enregistrements seront constitués d’un plan large sur la scène de l’interaction, opéré par le chercheur, et d’un plan réalisé à travers une caméra confiée aux visiteurs. L’attestation de récits en interaction vise à éclaircir quelques mécanismes en jeu dans une co-gestion écologique de l’expérience, entre des valorisations enracinées dans une culture (mythes, stéréotypes et tabous) et des valorisations émergeantes. Ces enregistrements, dans la perspective d’une ouverture méthodologique, seront enrichis d’autres types de données, en concertation avec les acteurs de l’enquête.

Résultats attendus
Les dimensions cognitives et affectives de l’expérience des espaces carcéraux seront-elles sémiotisées différemment, selon qu’on s’en fait l’expérience à travers des médiations tierces (encarts, photos, vidéos, autres) ou dans un bâtiment qui a été prison ?
Dans un paradigme indiciaire, nous faisons l’hypothèse que les enregistrements constitués permettront d’étudier ces différences quant (i) à la réappropriation énonciative des participants à l’interaction; (ii) à la transformation des représentations socio-politiques au fil des visites; (iii) à la tension de l’expérience spatiale entre être dans une prison et la parcourir à distance en discours.

Voir la fiche ASLAN du projet

Voir le livret de communication du projet PrisM à destination des Musées

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