Pour que les résultats de la recherche ne restent pas seulement connus du monde académique, il est important de prévoir des initiatives destinées à légitimement communiquer au grand public les avancées de la recherche. Ceci est d’autant plus vrai pour les travaux de recherche qui répondent à des problématiques sociétales et dont les retombées peuvent impacter directement les individus, les institutions, les entreprises… Les actions de médiation scientifique qui peuvent être menées sont très variées, allant de l’organisation de conférences, à la réalisation de sites web, aux créations artistiques… Les initiatives les plus diverses peuvent être envisagées pour rendre les résultats scientifiques accessibles à un public non spécialisé, et pour sensibiliser ce public à certaines thématiques dans une démarche engagée de la recherche.
Ci-dessous nous proposons une liste non exhaustive des actions que l’on peut mener pour diffuser les résultats de la recherche au grand public. Pour plus d’informations, voir Les actions de formation et d’enseignement.
1- Manifestations scientifiques
Un certain nombre d’événements de médiation scientifique d’envergure nationale (La Nuit Européenne des Chercheur.e.s, La Fête de la Science), ou locale (par exemple, à Lyon, le festival Pop’sciences) ont lieu chaque année. Ces événements sont portés par les institutions tutelles des laboratoires. Les chercheurs peuvent y participer en proposant préalablement des projets d’animation (conférences, projections, ateliers…). A ces rendez-vous annuels s’ajoutent des événements ponctuels, liés à des occasions spéciales (anniversaires, fêtes…), également organisés par les tutelles des laboratoires ou tout simplement dûs à l’initiative des chercheurs ou d’associations. Toutes ces actions ont pour objectif de créer des moments de partage entre les chercheurs et le grand public, autour de la découverte des dernières recherches menées dans tous les domaines scientifiques.
Voici une liste de quelques-uns de ces événements :
- La Nuit Européenne des Chercheur.e.s
- La Fête de la Science
- Le festival Pint of Science
- Le festival Popsciences
- Des événements ponctuels (fête de l’ENS, anniversaires du CNRS…)
2- Ressources numériques
Le développement de ressources numériques constitue aujourd’hui une modalité tout particulièrement efficace pour diffuser les résultats de la recherche à un public très large, allant au-delà des frontières géographiques. Voilà pourquoi les acteurs de la recherche travaillent de plus en plus à la diffusion à travers le numérique, non seulement dans le circuit académique (par le biais de revues en ligne, blogs de recherche, réseaux sociaux… voir section La diffusion dans le réseau académique, mais aussi à destination du grand public.
- Sites et plateformes en ligne
Désormais, toutes les structures académiques (universités, laboratoires, projets…) ont des sites internet qui fonctionnent comme des vitrines de leurs différentes activités et qui peuvent aussi présenter des contenus pensés pour un public de non experts. C’est le cas par exemple du site du Laboratoire d’Excellence ASLAN (Études Avancées sur la Complexité du Langage), dont fait partie le laboratoire ICAR, qui prévoit une section nommée “Le langage pour tous” et des “billets d’ASLAN” destinés justement à présenter de façon accessible les thématiques de recherche principales explorées par les chercheurs.
Des sites et des plateformes peuvent aussi être créés expressément pour diffuser les résultats d’une recherche au grand public, spécialement quand la dite recherche concerne des thématiques d’intérêt sociétal. C’est le cas par exemple d’Exode(s) Charnel(s), une plateforme interactive qui a été développée par l’Université de Lyon et qui explore les parcours fictionnels de trois prostituées, reconstitués à partir de travaux de recherche.
- Massive Open Online Courses (MOOC)
Les cours à distance ou, selon la dénomination anglais, Massive Open Online Courses (MOOC) représentent une opportunité exceptionnelle de diffuser les résultats de la recherche à un public très large. De plus en plus d’universités proposent aujourd’hui des cours en ligne sur les sujets les plus variés. Généralement, les MOOC sont constitués d’enregistrements vidéo où des experts expliquent certains sujets, des lectures d’approfondissement, des exercices pour vérifier les connaissances des étudiants, et d’un forum où les inscrits peuvent demander des éclaircissements, échanger entre eux et/ou avec les formateurs. Les cours s’articulent généralement selon une progression temporelle, chaque semaine donnant accès à des nouveaux contenus. À la fin du MOOC, les étudiants ayant validé le cours peuvent normalement obtenir une attestation.
Si ces cours en présentiel peuvent parfois cibler un public particulier, leur ouverture permet à toute personne intéressée d’avoir accès à la formation. Par exemple, le MOOC “Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider”, développé par une équipe de chercheurs du laboratoire ICAR dans le but de sensibiliser les enseignants universitaires aux spécificités des processus cognitifs des étudiants souffrant de troubles DYS, a été suivi également par des personnes appartenant à des catégories socio-professionnelles variées, intéressées par la thématique du cours.
En France, la plupart des MOOC existant sont recensés sur la plateforme France université numérique (FUN), créée en 2013 par le Ministère de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, afin de promouvoir la diffusion des cours en ligne.
3- Productions artistiques
Une autre possibilité pour sensibiliser le grand public consiste pour les chercheurs à travailler en collaboration avec des professionnels du monde de l’art et du spectacle pour mener des initiatives communes. Les productions artistiques, quoique parfois moins directement didactiques, ont l’avantage de toucher le public de manière plus personnelle et peuvent s’avérer spécialement efficaces quand il s’agit de traiter des thématiques émotionnellement chargées. Par exemple, sur la base des résultats du projet de recherche REMILAS (REfugiés, MIgrants et leurs LAngues face aux services de Santé), un dispositif théâtral a été conçu avec l’aide d’une metteure en scène, d’acteurs amateurs, et d’une plasticienne, afin de faire vivre au public une expérience de la vie d’un migrant, et notamment les difficultés langagières et culturelles auxquelles il est très souvent confronté. Ce dispositif a été déployé à l’occasion de différentes manifestations grand public telles que la Nuit européenne des chercheurs, la fête de la science, le festival Pop’sciences. Suite au succès de ce dispositif théâtral immersif, une maquette a été réalisée pour permettre à d’autres équipes ou associations de reproduire l’expérience.
Une autre forme artistique propice à la vulgarisation des résultats de recherche est la réalisation d’une bande dessinée par un artiste. Ce support visuel et ludique permet de toucher un public avec une amplitude d’âge importante, les petits comme les grands. Par exemple, la bande dessinée Science, un métier de femmes a été réalisée à partir de la journée portant le même nom, organisée à l’occasion de la journée de la femme le 8 mars 2021.
Une modalité de production artistique spécialement adaptée à l’approche de la linguistique interactionnelle peut consister à réaliser des films courts présentant les corpus utilisés pour la recherche. Au laboratoire ICAR (équipe LIS / CCC), une réflexion collective a été menée en 2014 dans le cadre du projet “Petits films” (voir Piccoli & Ursi 2015) sur la réalisation de courts clips vidéo de forme agréable destinés d’une part à donner un retour aux participants aux terrains (voir section Restituer aux participants), d’autre part à présenter en quelques minutes l’activité du laboratoire et l’approche interactionnelle. Une des vidéos réalisées dans le cadre de ce projet, à partir d’un corpus enregistré chez un primeur, est visible sur le site du laboratoire.
Plus largement, la réalisation de produits audiovisuels constitue une modalité très efficace afin de toucher un public large. Une autre expérience de ce type menée au laboratoire ICAR a été celle du projet DISAL, visant à proposer une série de cours magistraux dispensés par des personnalités représentatives du LabEx ASLAN ainsi que de courtes vidéos ludiques et animées présentant des thématiques du LabEx.
La modalité vidéo, permettant une diffusion large à travers les sites et les réseaux sociaux, peut aussi être adoptée pour rendre compte des autres actions menées. Par exemple, le dispositif théâtral développé dans le cadre du projet REMILAS a également été filmé, et il a donné lieu à une vidéo accessible en ligne.
4- Présence dans les médias
L’utilisation des médias reste sans doute la forme la plus directe pour diffuser de l’information en tout genre, donc de manière assez évidente de l’information scientifique. La presse a toujours été friande de l’actualité scientifique, qui permet de faire partager aux lecteurs les dernières découvertes et innovations. Par exemple, un article publié dans le Progrès du 25 décembre 2016 présente les travaux de traduction et d’édition d’un “roman populaire” rédigé aux portes du Sahara, réalisé par une équipe du laboratoire ICAR.
Les chercheurs peuvent être également sollicités pour des interviews en raison de l’actualité, pour faire part d’un point de vue d’expert, comme pour communiquer sur leurs travaux actuels. Véronique Traverso, directrice de recherche à ICAR, a ainsi été interviewée par l’équipe de Coscience en préparation de La Nuit Européenne des Chercheur.e.s 2017. La vidéo « Les chercheur.e.s vous parlent de leurs imPOSSIBLES » est accessible sur Youtube. Les réseaux sociaux (facebook, twitter, chaînes Youtube…) sont également très exploités aujourd’hui par la communauté des chercheurs afin de diffuser en temps et en heure tout type d’initiatives de médiation scientifique (exemple la page Facebook d’ASLAN, les comptes Twitter du LabEx ASLAN, du laboratoire ICAR et des chercheurs et chercheuses en analyse conversationnelle du laboratoire – sous-équipe LIS).