Le recueil réalisé et l’analyse des données interactionnelles menée, le chercheur peut saisir l’opportunité de retourner sur le terrain de recherche afin de proposer un retour aux acteurs de terrain concernés en leur fournissant un « rendu » de la recherche. Il s’agit parfois d’une condition nécessaire à l’approbation préalable aux enregistrements, et dans d’autres cas, il peut faire partie intégrante de la collaboration participants – chercheurs. Il peut s’agir d’une manière de remercier les participants de leur disponibilité et, en même temps, d’accroître leur connaissance des modalités et finalités de la recherche.
Ce retour pourra revêtir diverses formes. Qu’il s’agisse des données vidéos elles-mêmes, des transcriptions des interactions, d’études menées à la demande des individus enregistrés, d’explicitations quant aux résultats obtenus, etc., dans tous les cas, ce rendu est à réfléchir en amont de la captation, afin d’avoir le matériel nécessaire – qui peut être différent de celui nécessaire à la recherche – pour pouvoir le faire, et afin de prévoir un temps de travail suffisant à la confection de ce rendu.
Par exemple, si on filme des situations de travail, l’équipe enregistrée pourra demander à avoir les captations synchronisées des enregistrements. Il pourrait s’agir pour elle d’un outil d’auto-évaluation précieux. D’autres situations pourraient donner lieu au partage des transcriptions, comme par exemple dans le projet MALICE (Maladie d’ALzheimer, Impacts sur la Cognition et l’Émotion, porté par Matthieu Quignard), dans lequel les soignants, en échange de la captation du terrain, ont demandé de partager les transcriptions, et de mener des analyses portant sur des questions de recherche qui les intéressaient.
Dans certains cas, la réflexion sur le retour aux participants peut aller plus loin et les chercheurs peuvent décider de développer des actions de formation spécifiques, destinées non seulement aux personnes enregistrées mais aussi, plus largement aux professionnels du même secteur (voir la section Les actions de formations et d’enseignements).
Un exemple concret de retour au terrain appréciable tant du point de vue de la recherche que de celui des participants, est le projet Petits Films (voir Piccoli & Ursi, 2015), mené au laboratoire ICAR, au sein duquel la conception de courts montages des données collectées, comme rendu aux participants, a été étudiée et réalisée (voir la section La diffusion au Grand Public). Grâce à la contrepartie proposée par le biais de ces petits films, l’accès au terrain d’enregistrement et le consentement des personnes filmées ont été plus faciles à obtenir, une réflexion théorique sur l’analyse conversationnelle a pu être menée, et un produit du laboratoire a pu être développé et utilisé en exemple.
On peut également penser une recherche participative dans laquelle les participants enregistrés se confrontent aux données avec les chercheurs, afin d’intégrer aux projets de recherche leurs propres questionnements, ou simplement leur point de vue de participants/professionnels, et ainsi permettre de traiter des problématiques plus proches de la situation en question. C’est par exemple le cas pour le projet CISPY (Compétence d’Interaction des infirmiers en PSYchiatrie), pour lequel un « groupe expert » de soignants (enregistrés ou non) a été constitué, afin d’inclure au mieux les questionnements relatifs aux situations de travail enregistrées dans la recherche. Cette forme de retour, dynamique, permet une nouvelle fois un accès facilité au terrain, mais également à l’organisation des situations enregistrées en tant que telles. Dans ces conditions, il est plus aisé de produire des résultats qui intéressent le monde académique mais aussi directement les praticiens eux-mêmes, avec des publications ciblées pour chacun.
Le retour qui peut être fait aux personnes de terrain peut aussi se concrétiser par des formations ou des supports ou outils de formation, pour cela se rapporter à la section La diffusion au Grand Public.