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Numéros parusLangues et Littératures du Monde Arabe, n°12 (2020) Présentation Langues et Littératures du Monde Arabe est enfin de retour, avec un numéro 12 au contenu varié. Dans le premier article, Abderrahim Saguer présente une analyse détaillée des écritures maghébines qui sera de la plus grande utilité à tous ceux qui travaillent sur les manuscrits arabes d'Afrique du Nord et d'Afrique subsaharienne ou envisagent de le faire pour mettre en valeur ce patrimoine encore largement inexploité. Les trois articles suivants sont des contributions à la théorie des matrices et des étymons (TME). Le premier, écrit par Hadia Slaoui et consacré aux parlers marocains, permet de constater que les dialectes arabes contemporains constituent un terrain fertile pour l'application de la théorie. Souhaitons qu'il soit annonciateur d'un développement de la TME dans cette direction prometteuse : les dialectes actuels sont, bien plus que la langue commune, ou arabe standard moderne, les héritiers de l'arabe dit classique dont le lexique, on le sait, accorde une large place aux variantes dialectales (luġāt) anciennes. Les deux autres articles, signés respectivement par Georges Bohas et Mustafa Alloush, continuent d'approfondir notre connaissance des matrices identifiées : le premier propose une étude détaillée de la matrice {[labial], [pharyngal] ; « resserrement »} et le second, celle de la matrice {[coronal], [pharyngal, laryngal] ; « émission d’un son rauque ou d’un gémissement »}. Pour alimenter la réflexion sur les rapports entre son et sens dans la morphologie et le lexique de l'arabe et rendre la pensée d'Ibn Ǧinnī accessible aux linguistes non arabisants, une utile traduction anglaise d'un passage fondamental du Kitāb al-ḫaṣāʾiṣ d'Ibn Ǧinnī sur le rapport entre son et sens, réalisée par Kholoud Saleh el-Saleh, clot ce dossier morpho-lexicologique. Ce numéro ouvre aussi ses portes au traitement automatique des langues, avec une contribution d'Omar Asbayou à la réflexion sur la désambiguïsation de l'arabe écrit non vocalisé qui, d'une certaine manière, fait écho à l'article de Fathi Debili et Emna Souissi, « Sur l’ambiguïté grammaticale de l’arabe et sa résolution automatique », que la revue avait publié dans son deuxième numéro voilà déjà vingt ans de cela. La suite de ce douzième numéro de la revue marque également le retour de la métrique arabe, avec trois articles. Le premier, proposé par Mustafa Alloush, est une utile contribution à l'histoire de la terminologie de la métrique arabe, consacrée au caractère fluctuant de la dénomination des cercles de la théorie classique. Les deux suivants, signés Georges Bohas et Bruno Paoli respectivement, contribuent au débat sur la modélisation du système de la métrique arabe : amender la théorie arabe classique en lui adjoignant des contraintes de bonne formation ou s'en affranchir pour se contenter de représenter les positions variables et les positions stables en intégrant les contraintes aux représentations ? Telle est la question discutée ici. Enfin, pour clore cette livraison, Georges Bohas alimente la rubrique Notes et documents avec une réflexion bien utile sur la traduction du Coran.
Sommaire / Table of contents
Langues et Littératures du Monde Arabe, n°12 (2020) Presentation Languages and Literatures of the Arab World is finally back, with number 12 with varied content. In the first article, Abderrahim Saguer presents a detailed analysis of the Maghrebine scriptures which will be of the greatest use to all those who work on the Arabic manuscripts of North Africa and sub-Saharan Africa or plan to do so in order to highlight this still largely untapped heritage. The following three articles are contributions to the theory of matrices and etymons (TME). The first, written by Hadia Slaoui and devoted to Moroccan dialects, shows that contemporary Arabic dialects constitute fertile ground for the application of the theory. Let us hope that it will herald a development of TME in this promising direction: the current dialects are, much more than modern standard Arabic, the heirs of classical Arabic whose lexicon, as we know, gives a large place to the old dialect variants (luġāt). The two other articles, signed respectively by Georges Bohas and Mustafa Alloush, continue to deepen our knowledge of the identified matrixes: the first proposes a detailed study of the {[labial], [pharyngeal] matrix; "tightening"} and the second, that of the matrix {[coronal], [pharyngeal, laryngeal]; "making a hoarse sound or moaning"}. To fuel reflection on the relationship between sound and meaning in the morphology and lexicon of Arabic and to make Ibn Ǧinnī's thought accessible to non-Arabic linguists, a useful English translation of a fundamental passage from Ibn Ǧinnī's Kitāb al-ḫaṣāʾiṣ on the relationship between sound and meaning, produced by Kholoud El-Saleh, closes this morpho-lexicological dossier. This issue also opens its doors to automatic language processing, with a contribution by Omar Asbayou to the reflection on the disambiguation of unvocalized written Arabic which, in a way, echoes the article by Fathi Debili and Emna Souissi, "On the grammatical ambiguity of Arabic and its automatic resolution", which the journal had published in its second issue twenty years ago. This twelfth issue of the journal also marks the return of Arabic metrics, with three articles. The first, proposed by Mustafa Alloush, is a useful contribution to the history of Arabic terminology, devoted to the fluctuating character of the naming of circles in classical theory. The following two, signed Georges Bohas and Bruno Paoli respectively, contribute to the debate on the modeling of the Arab metrical system: amending the classical Arab theory by adding to it constraints on co-occurrency or get rid of it definitively and opt for a more faithful representation of reality directly including a certain number of useful generalizations about variation? Thisis the question discussed here. Finally, to close this issue, Georges Bohas supplies the Notes and documents section with a very useful reflection on the translation of some keywords of the Koran.
LLMA 11 (2017)Pour se faire pardonner le retard pris dans l'édition de ce nouveau numéro, LLMA offre à ses lecteurs six articles, auxquels s'ajoutent cinq contributions à une nouvelle rubrique, Notes et documents , inaugurée pour l'occasion. Parmi les six articles, cinq concernent la langue arabe et le sixième, l'hébreu biblique. Aussi nous a-t-il paru opportun et élégant d'accorder à ce dernier l'honneur d'inaugurer le numéro. Emmanuel Aïm y examine, de manière détaillée et solidement argumentée, la question tant débattue de l'apophonie, pour montrer qu'elle joue un rôle essentiel dans la morphologie verbale de l'hébreu sans pour autant exclure un certain nombre d'alternances purement lexicales. Il ne fait guère de doute que cet article fera référence dans le domaine de la morphologie des langues afro-asiatiques. Il faut aussi souhaiter qu'il incitera les chercheurs arabisants à reprendre sur des bases empiriques solides la question controversée de l'apophonie en arabe. Dans le deuxième article, Cristina Solimando nous gratifie d'une fort intéressante étude sur le concept d'ellipse chez les grammairiens arabes médiévaux, dans laquelle elle examine attentivement l'évolution de la terminologie adoptée par ces derniers, de Sibawayhi à Ibn Ginni. Les trois articles suivants sont consacrés à l'un des principaux défis auxquels la Théorie des matrices et des étymons (TME) est aujourd'hui confrontée : définir la fonction, s'il en est une, des augments ou affixes qui, ajoutés à un étymon, permettent de former des radicaux tri-consonantiques. Dans le premier, Georges Bohas fait une concise mise au point sur l'article d'Ehret (1989) intitulé « The Origin of Third Consonants in Semitic Roots : an Internal Reconstruction (Applied to Arabic) », lequel suppose à tort que l'augment est toujours la troisième consonne radicale. En effet, comme la TME a amplement permis de le montrer, celui-ci peut non seulement être suffixé à l'étymon, mais également préfixé, à l'initiale, ou infixé, en position médiane. Les deux articles suivants arrivent à des conclusions différentes. Dans le premier, Salem Khchoum montre de manière convaincante que, dans un nombre significatif de cas, le 'ayn final confère à l'étymon une valeur intensive. Dans le second, Jean-Claude Rolland montre au contraire que le mim final ne modifie vraisemblablement pas le sens de l'étymon. Ces deux contributions viennent alimenter ce passionnant débat qui est plus que jamais ouvert. Enfin, parce que nous sommes encore loin d'en avoir fini avec la TME , Jean-Claude Rolland nous livre également une étude extrêmement fouillée sur le lexique de la cohabitation en arabe classique, non pas de cette cohabitation fade et indigeste que les gouvernants français ont popularisé au crépuscule du siècle dernier, mais la cohabitation au sens de Kazimirski, prenant pour objet, si l'on peut dire, la femme, autrement dit la bagatelle ou, plus prosaïquement, la copulation, ou fornication. À l'intérieur de ce champ lexical riche et varié, la TME démontre encore son pouvoir explicatif. Mais J.-C. Rolland montre aussi fort bien qu'une grande partie de ce vocabulaire foisonnant est de nature métaphorique. Dans notre nouvelle rubrique, Notes et documents , le lecteur trouvera deux contributions de Georges Bohas, l'une pour faire le point sur la notion d'étymon dans la TME , et l'autre pour dresser le bilan de quarante années d'enseignement de l'arabe en France, en un tableau lucide et sans concessions des errements d'une politique incohérente et vouée à l'échec. Dans cette même rubrique figurent également deux contributions de Bruno Paoli. Dans la première, il milite pour un retour aux dictionnaires arabes classiques, propre à fournir à la TME des données plus complètes et plus fines que celles qui sont reproduites dans celui de Kazimirski. Dans la seconde, il traduit un passage du journal de Sir Henry Jessup ( Fifty-three years in Syria ) qui constitue un témoignage de première main sur Suleyman Effendi, auteur, en 1863, de la première monographie sur la religion des Alaouites du Proche-Orient (Nusayris), ouvrage controversé, du fait, notamment de la singulière personnalité et de l'invraisemblable histoire de son auteur, dont atteste on ne peut mieux ce texte. Enfin, Jean-Claude Rolland, en complément de son étude sur la cohabitation, adresse une lettre à Jonas Sibony, dans laquelle il réexamine, à la lumière de son article sur la cohabitation, les données fournies par celui-ci dans un article intitulé « Les mots du mariage en arabe » et publié dans la Lettre Selefa en juin 2016. Avec la participation de : E. AÏM, G. BOHAS, S. KHCHOUM, B. PAOLI, J.-C. ROLLAND, C. SOLIMANDO. Sommaire / Table of contents LLMA 11 (2017)To be forgiven for the delay in publishing this new issue, LLMA offers its readers six articles, plus five contributions to a new section, Notes and Documents , inaugurated for the occasion. Of the six articles, five concern Arabic and the seventh is about Biblical Hebrew. So it seemed to us opportune and elegant to grant the latter the honor of inaugurating the issue. Emmanuel Aïm revises, in a detailed and solidly argued manner, the much debated issue of apophony, to show that it plays an essential role in the verbal morphology of Hebrew, although it doesn't exclude a certain number of purely lexical alternations. There is no doubt that this article will soon be considered a reference in the field of Afro-asiatic morphology. It is also to be hoped that it will encourage scholars to take up the controversial issue of apophony in Arabic on solid empirical grounds. In the second article, Cristina Solimando gratifies us with a very interesting study on the concept of ellipsis among medieval Arabic grammarians, in which she carefully examines the evolution of the terminology adopted by them, from Sibawayhi to Ibn Ginni. The following three articles are devoted to one of the main challenges facing the Matrix and Etymons Theory (TME) today: defining the function, if any, of the augments or affixes that, added to an etymon, allow to form tri-consonantal radicals. In the first, Georges Bohas makes a concise account of Ehret's article (1989) entitled "The Origin of Third Consonants in Semitic Roots: an Internal Reconstruction (Applied to Arabic)", which wrongly assumes that the augment is always the third radical consonant. Indeed, as the TME has amply demonstrated, it can not only be suffixed to the etymon, but also prefixed, in the initial position, or infixed, in the middle position. The following two articles come to different conclusions. In the first, Salem Khchoum shows convincingly that in a significant number of cases the final 'ayn gives the etymon an intensive value. In the second, Jean-Claude Rolland shows instead that the final mim does not likely alter the meaning of the etymon. These two contributions fuel this exciting debate that is more than ever open. Finally, because we are still far from finished with the TME, Jean-Claude Rolland also gives us an extremely detailed study on the lexicon of the cohabitation in classical Arabic, not of this bland and indigestible cohabitation that the French rulers have popularized at the twilight of the last century, but cohabitation in the sense of Kazimirski, taking as its object, so to speak, the woman, in other words the trifle or, more prosaically, copulation, or fornication. Within this rich and varied lexical field, the TME still demonstrates its explanatory power. But J.-C. Rolland shows as well that a large part of this abundant vocabulary is metaphorical in nature. In our new section, Notes and Documents , the reader will find two contributions by Georges Bohas, one to take stock of the notion of etymon in the TME, and the other to take stock of forty years of Arabic teaching in France, in a lucid and uncompromising picture of the mistakes of an incoherent and doomed policy. In this same section are also two contributions by Bruno Paoli. In the first, he argues for a return to classical Arabic dictionaries, in order to provide the TME with more complete and finer data than those reproduced in that of Kazimirski. In the second, he translates a passage from the journal of Sir Henry Jessup ( Fifty-three years in Syria ) which is a first-hand account of Suleyman Effendi, the author, in 1863, of the first monograph on the religion of the Alawites of the Middle East (Nusayris), a controversial work, because of the singular personality and the incredible story of its author. Finally, Jean-Claude Rolland, in addition to his study on cohabitation, sends a letter to Jonas Sibony, in which he reviews, in the light of his article on cohabitation, the data provided by him in an article entitled " The words of marriage in Arabic " and published in the Letter Selefa in June 2016. With the participation of : E. AÏM, G. BOHAS, S. KHCHOUM, B. PAOLI, J.-C. ROLLAND, C. SOLIMANDO.
Table of contents LLMA 10 (2016)Après une interruption de plusieurs années, suite au brutal et dramatique décès de Djamel Eddine Kouloughli, la publication de Langues et Littératures du Monde Arabe reprend avec une direction et un comité scientifique renouvelés. Mais ce renouvellement se fait dans la continuité : en effet, nous entendons rester fidèles aux objectifs initiaux de la revue, rappelés dans la présentation générale et auxquels le regretté D. Kouloughli, en particulier, était très attaché. Le numéro 10 comprend six articles. Dans « La tour et les signes du zodiaque », Jean-Claude Rolland, utilisant les concepts centraux de la théorie des matrices et des étymons (TME) et la méthode des parallélismes sémantiques de Masson, démêle les différents sens du mot burj. Cet article, ainsi que son ouvrage Dix études de lexicologie arabe , qui vient d’être publié, témoigne du renouveau des études étymologiques en arabe. Dans « Les relations de type métonymique dans le lexique de l’arabe », Georges Bohas, sans sortir du cadre de la racine, amorce une étude sur les relations entre les différents sens dont celle-ci peut être porteuse. Le troisième article, « De Cratyle à la TME : une longue tradition dans le débat sur la motivation ou l’arbitraire des mots », est l’occasion pour Mihai Dat de retracer l’évolution d'une question qui, bien que fondamentale, fut un temps proscrite au nom du dogme de « l'arbitraire du signe », mais que les recherches de quelques irréductibles, de F. Toussaint à I. Fónagy, puis le développement de la TME et de la submorphémique, ont permis de remettre au goût du jour. La contribution de Ouided Mansouri-Fradi est dévolue à l'étude d'un regroupement phonosémantique basé sur le trait [approximant]. Il ne s’agit pas à proprement parler d’une matrice, puisque la motivation de ce regroupement n’a pas encore été détectée, mais il pose, dans le cadre de la TME, un intéressant problème concernant la possibilité d’une organisation à double satellite. Dans « Hollow and defective verbs : a lexical explanation », Georges Bohas, prenant acte des acquis de la TME, propose de repenser la morphophonologie du verbe en arabe et montre comment il est possible de donner des verbes creux et défectueux une description cohérente et pédagogiquement exploitable en partant des radicaux et non plus des racines Enfin, la contribution d’Abderrahim Saguer, intitulée « La métaphore mâle/femelle dans l’usage des instruments dans la lewnasa des houara », aborde un aspect peu connu de la tradition musicale populaire marocaine : procédant à une description des instruments de la lewnasa, il en propose une interprétation métaphorique on ne peut plus suggestive. Avec la participation de : G. BOHAS, M. DAT, O. MANSOURI-FRADI, J.-C. ROLLAND et A. SAGUER.
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