RECONSTRUIRE LES ÉNONCÉS D’ÉMOTION
1 — PHRASE D’ÉMOTION
Une phrase d’émotion est une phrase simple où le verbe a pour argument un nom d’émotion.
Une phrase d’émotion est une phrase attestée ayant l’une des structures suivantes.
1) Un verbe impersonnel a pour argument un nom d’émotion qui peut préciser la situation produisant l’émotion : il est doux de ne rien faire.
2) Une émotion est prédiquée d’un expérienceur par être ou avoir :
Pierre a peur
Pierre est stressé
3) Une émotion est prédiquée d’un expérienceur par un verbe prsychologique
Pierre enrage
4) Un verbe psychologique lie un expérienceur à une situation
L’expérienceur est en position sujet :
Pierre méprise l’argent
L’expérienceur est en position objet
L’argent dégoûte Pierre
Le film déplait à Pierre
2 —ÉNONCÉ D’ÉMOTION
L’énoncé d’émotion est défini comme une forme liant une terme d’émotion (verbe substantif adjectif) un expérienceur, et une source de l’émotion.
Pour analyser l’émotion dans un texte il faut d’abord identifier de quelle émotion il s’agit, qui est l’expérienceur de cette émotion, et quelle est la situation à l’origine de cette situation.
Émotion : QUOI ? De quelle émotion s’agit-il ?
Expérienceur : QUI ? Qui est l’expérienceur de cette émotion ?
Situation : POURQUOI ? Quelle est la source de cette émotion ?
L’énoncé d’émotion élémentaire synthétise les réponses à ces questions.
La phrase d’émotion où un verbe psychologique lie un expérienceur à une situation correspond immédiatement à un énoncé d’émotion.
La phrase (1) ne mentionne pas l’expérienceur
Les phrases d’émotion (2) et (3) ne mentionnent pas la source de l’émotion.
Le contexte permet parfois de reconstruire l’expérienceur et la source.
Nous parlons de source et non pas de stimulus pour souligner le fait qu’on a affaire non pas à une causalité matérielle mais à une construction langagière.
Pour bien marquer qu’il s’agit d’une reconstruction, l’énoncé d’émotion sera noté :
[Terme d’émotion, Expérienceur, Source de l’émotion]
Les informations qu’il rassemble ne sont pas nécessairement contenues dans la même phrase, mais doivent être rassemblés dans des passages plus ou moins longs et possiblement discontinus.
Les phrases d’émotion contiennent nécessairement un terme d’émotion.
Un passage peut ne contenir aucun terme d’émotion, mais cependant orienter vers une émotion.
Le travail de reconstruction de l’émotion commence avec les verbes d’émotion.
A partir de l’énoncé “Pierre a blessé Paul” on pourrait reconstruire l’énoncé d’émotion [Paul, blessé] en attendant la spécification qu’apporte le contexte actuel dans lequel est prise cette affirmation.
On peut également proposer une classe d’énoncés d’émotion en s’appuyant sur le dictionnaire. [8]
Ainsi, pour blesser, le TLFi mentionne désagrément, inquiétude – offenser, choquer, déplaire – faire du mal importuner, déplaire (TLFi. Blesser) soit une orientation vers la classe des émotions négatives d’intensité faible et moyenne, en attendant que le contexte précise si Paul est se sent méprisé ou humilié.
Si Pierre est ébloui par l’intelligence de Paul, on peut reconstruire un énoncé d’émotion [Pierre, /admiration/], simplement en se conformant à la sous-entrée
Éblouir … Frapper la vue, l’esprit d’admiration» (TLFi, art. éblouir).
Les barres obliques indiquant qu’il s’agit d’une reconstruction sont peut-être superflues ici.