LISTES D’ÉMOTIONS : UNE COLLECTION
Cette section passe de la question de l’émotion à celle des émotions particulières et aborde la question des termes d’émotion.
Avant de devenir un des objets centraux de la psychologie au 19e siècle, l’étude des affects était développée, sous différents noms, en rhétorique, théologie et philosophie.
Chacune de ces approches a contribué à la formation du concept d’émotion et a modelé nos pratiques des émotions.
L’émotion se définit de deux manières différentes
— Les définitions en intension visent le concept d’émotion. Ces définitions procèdent par recherche des caractères généraux, communs à toutes les émotions, et des différences caractérisant spécifiquement chacune des émotions. (voir Module 4)
La définition donnée par Aristote combine ces deux approches (§1.1 infra)
— Les définitions en extension procèdent par énumération d’états affectifs (émotions) spécifiques qui sont considérées comme des “espèces”, des exemples d’émotions.
Un terme d’émotion est un mot qui désigne une émotion. Ils jouent un rôle de premier plan dans l’étude de l’émotion parlée.
Les termes d’émotion sont des mots du lexique comme les autres. Du point de vue de leur catégorie grammaticale, il peut s’agir de substantifs, de verbes, de participes adjectifs, d’adjectifs ou d’adverbes.
Les dictionnaires définissent leur sens du point de vue de l’usage qui en est fait dans la parole. Cette définition linguistique est accompagnée de listes de termes plus ou moins apparentés, (synonymes) ou de sens opposés (antonymes).
On a donc d’une part la définition du mot émotion et des mots désignant les différentes émotions est claire et d’autre part la définition du concept et du phénomènes liés à l’émotion.
Ces deux définitions interagissent plus ou moins. Par exemple la définition de l’émotion comme syndrome est passée dans le dictionnaire général et dans la réflexion sémantique sur les termes d’émotion.
Dans ce qui suit, nous considérons que les études de l’émotion antérieures aux recherches s’appuyant sur des savoirs en neuro-physiologie et leur appareillage scientifiques sont des approfondissements du sens du mot émotion et des mots de l’émotion.
Nous considérons donc que les listes d’émotions sur lesquelles se fondent ces études, c’est-à-dire les listes d’émotions considérées comme fondamentales en rhétorique, théologie, phlosophie ainsi qu’en psychologie précédant le développement des recherches en neurophysiologie sont de fait des listes de termes d’émotion.
On remarque que ces listes sont uniquement composées de substantifs.
La fusion de ces listes nous fournira la base de notre liste de termes d’émotions, que nous développerons méthodiquement par les listes extraites des dictionnaire.
Pour répondre aux question “Qu’est-ce que l’émotion? Quelles sont les principales émotions? Combien d’espèces différentes d’émotion y a-t-il ?…” on renvoie aux listes d’émotions particulière étudiées d’un point de vue conceptuel :
Une émotion, c’est quelque chose qu’on appelle émotion, ou qui ressemble à
quelque chose qu’on appelle émotion.
Pour répondrre à la question “tel mot est-il un terme d’émotion”, on renvoie aux listes de termes d’émotion méthodiquement construites : voir Module 6 et Module 7
1 — RHÉTORIQUE ET PHILOSOPHIE ANCIENNE
1.1 Aristote
Les premiers traitements systématiques des émotions dans le monde occidental se trouvent dans deux ouvrages d’Aristote, l’Éthique à Nicomaque, qui traite de philosophie et de morale, et la Rhétorique.
L’Éthique à Nicomaque définit les « états affectifs » ; cette expression traduit le grec pathe, (πάθη), que les traductions anglaises traduisent par “passion” ou “emotion”.
Ces « états affectifs » sont définis comme suit :
J’entends par états affectifs [πάθη], l’appétit, la colère, la crainte, l’audace, l’envie, la joie, l’amitié, la haine, le regret de ce qui a plu, la jalousie, la pitié, bref toutes les inclinations accompagnées de plaisir et de peine. (Éth. Nic. II, 4; Tricot, p. 101).
Aristote donne d’abord une définition en extension de pathe, par énumération de onze états affectifs spécifiques, puis il en donne une définition en intension, précisant le genre («inclinations »), puis la différence spécifique des émotions « [sont] accompagnées de plaisir ou de peine.
La Rhétorique liste treize émotions présentées par paires d’émotions opposées (à l’exception de l’obligeance).
Notre traduction culturelle a gardé certains contact avec la culture grecque ancienne, mais rien ne nous permet d’oublier que la colère ou la peur grecques ne sont pas forcément les nôtres. En tants que faits langagiers et culturels, les émotions s’inscrivent dans une langue et une culture. La traduction tend à faire oublier cette différence et à fabriquer de l’univrsalisme à bon marché.
Dans le tableau suivant, les mots grecs rappellent que les termes français sont des traductions d’un mot grec qui peut avoir d’autres sens en fonction des contextes dans lesquels il rentre.
colère /calme orgè / praotès amitié / haine philia / ekhthra peur / assurance phobos / to tharrein honte / impudence aiskunè, aidôs : “honte” |
obligeance kharin ekhtousin pitié /indignation eleos/ to nemesan envie /émulation phtonousi / zèlousi |
A la différence de la l’Éthique, cette liste ne mentionne pas la joie et le regret. D’autres émotions comme le chagrin, la fierté, l’amour, la nostalgie… ne figurent pas non plsius dans la liste :
Aristotle neglects, as not relevant for his purpose, a number of emotions that a more general, independently conceived treatment of the emotions would presumably give prominence to. Thus, grief, pride (of family, ownership, accomplishment), (erotic) love, joy, and yearning for an absent or loved one (Greek pothos) … The same is true even for regret, which one would think would be of special importance for an ancient orator to know about, especially in judicial contexts. (Cooper 1996, p. 251).
Il semble en effet difficile de trouver des émotions qui n’aient pas d’impact direct sur le discours public, peut-être la tristesse?
On pourrait tenter de distinguer les émotions politiques des émotions judiciaires. La honte semble réservée à l’adversaire politique; on imagine mal faire honte au juge, ce serait insulter le tribunal.
Cette liste tirée de la Rhétorique ressemble curieusement, peut-être trompeusement, aux listes d’émotions proposées de nos jours. Mais il y a une différence profonde. On peut opposer :
- Une approche atomiste, tendant à réifier tes émotions, qui s’exprime sous forme de listes de “noms d’émotion”.
- Une approche controversiale, langagière, de l’émotion, où des discours opposés construisent des positions et des émotions antagonistes. Cette approche est caractéristique de la rhétorique. C’est celle d’Aristote et de Cicéron.
1.2 Les émotions latines
Cicéron, Tusculanes
Dans les Tusculanes, Cicéron reprend la définition que Zénon donne du pathos :
La définition que donne Zénon est donc que la passion [perturbatio] — il dit páthos — est un ébranlement de l’âme opposé à la droite raison et contraire à la nature
Tusc. IV, §6 ; Humbert p. 59)
Il définit quatre « espèces de la passion » en fonction de ce que les hommes estiment être des biens ou des maux :
Pour les biens, le désir et la joie, la joie se rapportent aux biens actuels, le désir aux biens à venir ; pour les maux, la crainte et le chagrin, crainte s’ils sont à venir, chagrin s’ils sont actuels. (Tusc. IV, 8; IV, §6 ; Humbert, p. 59)
Cet ensemble est repris par Saint Augustin qui les transmet au Moyen Age savant (Ferreyrole 1998, p. 76).
Ces quatre émotions ont donc une importance fondamentale pour toute la culture occidentale. C’est autour d’elles que s’est formée notre intuition de ce qu’est une émotion.
De ces quatre émotions fondamentales dérivent les autres émotions :
Émotions latines :
les 36 émotions des Tusculanes (trad. Gaffiot)
adflictatio – affliction aegritudo – malaise ; chagrin aemulatio – émulation ; jalousie ærumna – épreuve ; peine angor – oppression ; angoisse conturbatio – affolement delectatio – plaisir desperatio – désespoir desiderium – désir ; besoin discordia – discorde ; agitation dolor – douleur ; peine exanimatio – suffocation ; épouvante excandescentia – s’enflammer ; s’irriter formido – effroi indigentia – besoin inimicitia – inimitié invidia -malveillance ; jalousie ira – colère |
jactatio – ostentation ; vanité laetitia – allégresse ; beauté lamentatio – gémissement libido – désir luctus – douleur (liée à la mort de qn) maereor – affliction malivolentia – malveillance metus – crainte (religieuse) ; anxiété misericordia – compassion molestia – gêne ; inquiétude obtrectatio – dénigrement, jalousie odium – haine pavor – effroi [qui saisit] pigritia – paresse ; repos pudor – honte ; honneur terror – terreur timor – crainte sollicitudo – sollicitude, souci |
On trouvera sous le lien suivant des traductions plus développées (Gaffiot)
Émotions latines : les 36 émotions des Tusculanes
Traités de rhétorique
Les traités de rhétorique proposent des listes ouvertes de même inspiration:
Les sentiments qu’il nous importe le plus de faire naître dans l’âme des juges, ou de nos auditeurs quels qu’ils soient, sont l’affection, la haine, la colère, l’envie, la pitié, l’espérance, la joie, la crainte, le mécontentement.
Cicéron, De Or., II, 206; trad. Courbaud, p. 91
Quintilien abrège un peu la liste:
Le pathos tourne presque tout entier autour de la colère, la haine, la crainte, l’envie, la pitié. (Quintilien, Inst. Or., VI, 2, 20; Cousin, p. 28-29)
Émotion d’Aristote et émotions de Cicéron
— On pourrait admettre que les émotions négatives représentent le couple émotion positive/négative: (colère/calme = colère; haine/amitié = haine; indignation/pitié = indignation; envie/émulation = envie). Quoi qu’il en soit, les divergences ne semblent pas très significatives.
— La liste de Cicéron comprend cinq émotions négatives (haine, colère, envie, crainte, mécontentement) et quatre émotions positives (affection, pitié, espérance, joie).
La honte et l’obligeance aristotéliciennes n’ont pas de correspondant direct chez Cicéron.
Réciproquement, les émotions positives affection et joie de Cicéron n’ont pas de correspondant évident dans la liste aristotélicienne.
— On peut opposer :
• Une approche atomiste, tendant à réifier tes émotions, qui s’exprime sous forme de listes de “noms d’émotion”.
• Une approche controversiale, langagière, de l’émotion, où des discours opposés construisent des positions et des émotions antagonistes. Cette approches est caractéristique de la rhétorique. C’est celle d’Aristote et de Cicéron.
2 — THÉOLOGIE : PÉCHÉS ET ÉMOTIONS
Le catéchisme de l’église catholique de1849 définit le péché comme suit :
Le péché est une faute contre la raison, la vérité, la conscience droite ; il est un manquement à l’amour véritable, envers Dieu et envers le prochain, à cause d’un attachement pervers à certains biens. […] [100]
Le discours sur les émotions s’est développé en parallèle et en concurrence avec les doctrines religieuses des péchés capitaux, qui sont :
orgueil (superbia) : L’orgueil est l’estime déréglée de soi-même, qui fait qu’on se préfère aux autres et qu’on veut s’élever au dessus d’eux.
avarice (avaritia) : L’avarice est un attachement désordonné aux biens de la terre, et principalement à l’argent.
impureté ou la luxure (luxuria) : L’impureté est une affection déréglée pour les plaisirs de la chair.
envie (invidia) : L’envie est une tristesse que l’on ressent à la vue du bien du prochain, ou une joie coupable du mal qui lui arrive.
gourmandise (gula) : La gourmandise est un amour déréglé du boire et du manger.
colère (ira) : La colère est un mouvement déréglé de notre âme, qui nous porte à nous venger, ou à repousser avec violence ce qui nous déplaît.
paresse (acedia) La paresse est un amour déréglé du repos, qui fait qu’on néglige ses devoirs d’état et de religion, plutôt que de se faire violence.
[1] Définitions tirées de https://www.paroissestjoseph.org/prieres/extrait-du-catechisme-de-l-eglise-catholique/68-les-sept-peches-capitaux
Ces sept péchés entrent directement dans la liste des mouvements émotionnels :
colère
orgueil, frère de la fierté
envie ou jalousie
la paresse sous sa définition citée note [1] correspond au calme. Sous sa définition traditionnelle, elle correspond à l’acédie, qui est une forme de dépression ou de tristesse, à moins qu’il ne s’agisse d’une fatigue post-prandiale.
Les trois autres péchés sont des désirs addictifs (… and more), plutôt du côté des passions :
désir d’argent, avarice
de sexe, luxure
de goût, gourmandise
Un péché capital est un péché qui est à l’origine d’une série d’autres péchés. Littéralement, c’est un “péché de base”.
Le système péché capital / péché dérivé a une allure hypothético-déductive, formellement analogue aux systèmes philosophiques qui opposent les « passions primitives » qui commandent les passions dérivées ou indirectes (v. infra, Descartes ; Hume)
Il existe une autre analogie essentielle entre le système des péchés et celui des émotions : les deux sont soumises à un contrôle par le biais de normes : normes religieuses pour le péché, normes sociales ou éthiques pour les émotions.
3 — PHILOSOPHIE CLASSIQUE
La philosohie classique, en quête d’un système organisant rationnellement les émotions, a en particulier développé l’idée qu’il y a des émotions de base en nombre restreint, qui donnent naissance à un nombre indéterminé d’émotions dérivées.
Descartes (1596-1650)
En français, les premiers “traités des passions” apparaissent au XVIIe siècle (Le Guern 2000)
Dans les articles 53-67 des Passions de (1649), Descartes envisage successivement les émotions ou familles d’émotions suivantes :
L’admiration
L’estime et le mépris, la générosité ou l’orgueil, et l’humilité ou la bassesse
La vénération et le dédain
L’amour et la haine
Le désir 12
L’espérance, la crainte, la jalousie, la sécurité et le désespoir
L’irrésolution, le courage, la hardiesse, l’émulation, la lâcheté et l’épouvante
Le remords
La joie et la tristesse
La moquerie, l’envie, la pitié 29
La satisfaction de soi-même et le repentir
La faveur et la reconnaissance
L’indignation et la colère
La gloire et la honte
Le dégoût, le regret et l’allégresse
À l’article 69, Descartes soutient :
Qu’il n’y a que six passions primitives […], l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse; et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou en sont des espèces. (Descartes 1649/1988, p. 195).
Hume (1711-1776)
Les passions sont des « impressions » (p. 253).
Dans le Treatise on human nature (1739), Hume définit les passions comme des «émotions violentes » (1739/1991, p. 110-111) et distingue les passions directes et indirectes:
Looking over the passions, we find that they divide into direct and indirect. By ‘direct passions’ I mean ones that arise immediately from good or evil, from pain or pleasure. By ‘indirect passions’ I mean ones that have the same sources as the others but only when those sources are combined with other qualities.
At this stage I can’t justify or explain this distinction any further. I can only say that under the ‘indirect passions’ I include pride, humility, ambition, vanity, love, hatred, envy, pity, malice, generosity, along with passions that depend on those. Under the ‘direct passions’ I include desire, aversion, grief, joy, hope, fear, despair, and security.
A Treatise…, Bk. II. Of the Passions, p. 110-111.
Les passions directes sont :
des impressions qui naissent immédiatement du bien et du mal, de la peine ou du plaisir. De ce genre sont le désir et l’aversion, le chagrin et la joie, l’espoir et la crainte (Traité p. 253)
Cette nouvelle liste des passions directes ne mentionne plus le désespoir et la sécurité.
Dans la Dissertation sur les passions (1758), Hume propose une combinatoire des passions, qui sont déduites des notions primitives de bien et de mal et de leur probabilité.
Lorsqu’un bien est certain ou très probable, il produit de la joie; lorsqu’un mal se trouve dans la même situation, survient le chagrin ou la tristesse. Lorsqu’un bien ou un mal est incertain, il suscite la crainte ou l’espoir, selon le degré d’incertitude existant d’un côté ou de l’autre. Le désir naît d’un bien considéré tout simplement et l’aversion, d’un mal (Hume, 1758/1991, p. 64- 65).
Le bien et le mal sont d’autres noms du plaisir et de la peine (de la douleur).
Désir / aversion : désir (du bien) / aversion (du mal)
Cette combinatoire peut se représenter comme suit :
en soi |
certain | incertain | |
Good (pleasure) | desire |
joy | hope |
Evil (pain) | aversion | grief | fear |
On pourrait prolonger ces listes et multiplier les modèles combinatoires qui les organisent (voir Parret 1986).
4 — PSYCHOLOGIE
Cette approche conceptuelle, privilégiant les désignations substantivales, se retrouve chez les psychologues, qui proposent des listes de substantifs d’émotion dont l’esprit et les éléments sont très comparables à celles des rhéteurs et des philosophes.
Les listes d’émotions de base sont variables et plus ou moins développées, elles comprennent généralement la peur, la colère, le dégoût, la tristesse, la joie, la surprise (Cosnier 1994, p. 44-45).
Ekman
Ekman a développé une théorie de l’émotion comme réalité biologique universelle (Ekman, Sorenson, Friesen, 1969). Cette théorie utilise la notion d’émotion de base. La short list d’émotions de base admet seulement comme indiscutables «basic emotions»:
fear, anger, disgust, sadness, enjoyment. (Ekman 1993, p. 384)
Dans cette liste, la joie [enjoyment] est la seule émotion positive. Dans une publication ultérieure, il équilibre les listes d’émotions positives et négatives :
fear, anger, disgust, sadness, contempt, all negative emotions […]
amusement, pride in achievement, satisfaction, relief and contentment,
all positive emotions (Ekman 1999, p. 45)
D’après la liste figurant plus loin, à ces émotions positives il faut ajouter «excitement, […] sensory pleasure » et aux négatives « embarrassment […] shame » (ibid., p. 55). Enjoyment ne figure pas dans la seconde liste, on peut supposer qu’il a été spécifié en amusement, pride in achievement, satisfaction, contentment.
On peut retenir la liste suivante de 15 basic emotions. Nous mettons en petites capitales les émotions de la première liste. Afin de tailler large, nous maintenons enjoyment ; pride in achievement est élargi à pride en général, et sensory pleasure à pleasure
Pour désigner les émotions, Ekman utilise les termes de l’anglais ordinaire
Traduction française de ces termes ( à confirmer/ compléter par Wordreference)
FEAR peur, crainte, terreur, frayeur
ANGER colère, irritation, énervement
DISGUST dégoût, répugnance, écœurement
SADNESS tristesse
CONTEMPT mépris, dédain, outrage
enjoyment plaisir, jouissance
amusement divertissement, amusement, plaisir
pride orgueil, amour-propre, fierté, arrogance, vanité
satisfaction satisfaction, rassasiement
relief soulagement, apaisement
contentment contentement, satisfaction
excitement excitation, enthousiasme
pleasure plaisir
embarrasment gêne, embarras, honte
shame honte, pudeur, modestie
Les termes en majuscule constituent une très short list d’émotions de base, qui admet seulement cinq indiscutables «basic emotions» (Ekman 1993, p. 384)
La première façon de définir ce qu’est une émotion consiste donc simplement à énumérer ce qu’on compte comme émotion. Par extension, est une émotion tout ce qui a un air de famille avec une quelconque de ces émotions, au moins avec les éléments centraux de cette collection; ou, sur le plan langagier, tout ce qui se définit à l’aide d’une de ces émotions centrales.
La surprise n’est pas valorisée : surprise agréable / désagréable
« ressentir de + surprise » : « un sentiment de surprise” (??)
La surprise est parfois considérée comme une émotion de base, ou comme une composante de toute émotion, dans la mesure où elle correspond à la courbe gauche rapidement ascendante de la “cloche émotionnelle”.
Les émotions secondaires, comme la honte, ou la fierté, apparaissent comme des combinaisons ou des nuances de ces émotions primaires.
5 – EXPRESSION FACIALE DES ÉMOTIONS ET DES PÉCHÉS CAPITAUX
Les données de cette section et des précédentes devraient permettre un examen comparé de l’iconographie des péchés et de l’iconographie des émotions.
Paul Ekman Group How to interpret facial expressions of emotion https://www.paulekman.com/blog/emotion-families-part-2/
Comme les émotions, les péchés capitaux sont caractérisés par des expressions faciales typiques :
Musée d’Orbigny-Bernon, La Rochelle
« Ces sculptures, qui datent du XIIIe siècle, ornaient la corniche de l’ancienne église de Lagord. Elles représentent les sept pêchés capitaux. »
Expression corporelle de la colère, avec concentration sur la face
Provient de La Tribune des péchés capitaux de la chapelle Saint-Yves à Priziac
http://www.lavieb-aile.com/2015/09/la-tribune-des-peches-capitaux-de-la-chapelle-saint-yves-a-priziac.html
La colère en situation
Jheronimus van Aken , dit Jérôme Bosch, ou Jheronimus Bosch (vers 1450 – 1516)
https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Sept_P%C3%A9ch%C3%A9s_capitaux_et_les_Quatre_Derni%C3%A8res_%C3%89tapes_humaines
Engagement dans une action typique de la colère
Jacques Callot (1592-1635) Estampes : Ira (colère)
La personne en colère est représentée dans l’action agressive typique où elle s’engage, brandissant l’épée, par un animal symbolique de la force physique, le lion, et par une évaluation négative, le petit diable excitant la machine. [2]
NOTES
Voir aussi la série “Les sept péchés capitaux”, éditée par S. Lapaque (Librio, 2000) “Préface” à Paresse.
[100] https://www.vatican.va/archive/FRA0013/__P64.HTM
[2] britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details/collection_image_gallery.aspx?assetId=118167001&objectId=1560740&partId=1
[3] Qu’il n’y a que six passions primitives […], l’admiration, l’amour, la haine, le désir, la joie et la tristesse; et que toutes les autres sont composées de quelques-unes de ces six, ou en sont des espèces. (Descartes 1649/1988, p. 195).