Le projet InterNexus, porté par Sophie Dufour et financé par ASLAN, est centré sur la mise en place et la modélisation de situations d’interactions entre étudiants futurs formateurs en didactique des langues, et apprenants allophones en Fle dans un centre universitaire d’études françaises. L’aspect majeur de cette recherche, est d’étudier le potentiel de co-formation de ce type de lieu de formation à travers des dispositifs de mise en contact où la socialisation langagière (Lambert, 2015) va médier des savoirs, enrichir les répertoires didactiques en construction (Cicurel, 2002) et créer peut-être de nouveaux modèles de référence, de pratiques de formations professionnelles et pédagogiques pour les uns (Cadet, 2006), tandis que les autres, intégrés d’emblée dans des projets EN langue étrangère avec des pairs experts natifs, pourront dans ces moments de coprésence approcher autrement la dimension socio-interactionnelle de l’action langagière (Ollivier, 2022) dans leurs parcours de locuteurs du français comme langue étrangère.
Le cadre théorique de cette recherche s’appuie sur les théories de l’apprentissage social (Bandura (1977), Vygotsky (1935) et les communautés de pratique (Wenger, 2005), l’apprentissage étant de ce fait envisagé d’une part sous l’angle de l’engagement du sujet dans son projet d’apprentissage (agentivité) et d’autre part celui de sa participation sociale. Il rejoint la théorie de la socialisation langagière où l’apprentissage est conçu comme collaboratif et son développement un résultat dynamique de la participation active des apprenants à des activités avec d’autres personnes qui guident leur participation (Rogoff, 1995). Nous convoquons aussi d’une part ce que Y. Pentecouteau (2015) nomme la sociabilité formative, qui investit des espaces sociaux parfois en marge du programme institutionnel, qui deviennent objets de formation grâce à une démarche collective, socialement régie par sa propre dynamique. Et d’autre part, la notion d’« apprentissage réciproque » (Thievenaz, 2018). Nous rattachons également notre projet à la notion de « zone de contact » et à son déploiement comme théorie et méthode (Askins et al., 2011) en nous intéressant aux espaces d’interaction qui peuvent permettre des « rencontres significatives » entre différents groupes sociaux (Amin, 2002 ; Valentine, 2008).
L’étude de ces situations de contact et de leur potentiel pour l’apprentissage s’est fait sous l’angle de l’analyse multimodale des interactions. En didactique aussi bien qu’en formation en LE, les interactions sont à la fois « outils » et « traces » de formation (Rivière, 2012), elles enrichissent les répertoires didactiques en même temps qu’elles actualisent les savoirs, ce sont des évènements communicatifs nés des relations interpersonnelles de membres de micro-communautés (classes, groupes de travail, etc.).