Conséquence

Arg. par les CONSÉQUENCES
ou arg. des EFFETS à la CAUSE

L’argumentation par les effets, remonte des effets à la cause.
Elle se réfute en détruisant l’existence du lien causal qu’elle présuppose.

Le mot conséquence peut être pris :
— Au sens d’effet, dans un enchaînement cause / effet, V. Causalité.
— Au sens de conséquent, dans une implication logique antécédent / conséquent, V. Connecteurs logiques.

L’expression “argument par les conséquences” vient du latin “arg. ad consequentiam”, de consequentia, “suite, succession”. Outre les deux significations précédentes, consequens peut avoir une signification purement temporelle, “ce qui vient après dans le temps”, « consequentia rerum, la suite des événements » (Gaffiot, Consequentia)

1. Argumentation fondée sur une conséquence causale

L’argumentation par les conséquences va des conséquences, des effets constatés, à la cause. En s’appuyant sur l’existence d’un fait et d’une relation causale entre ce type de faits et un type de cause, la conclusion affirme l’existence d’une cause de ce type.

Ce type d’argumentation “remonte” de de l’effet, à la cause ; elle est orientée vers l’arrière. Elle est parfois désignée par l’étiquette latine quia “parce que”, en opposition avec l’argumentation par la cause ou argumentation propter quid, “à cause de quoi”, V. A priori. On dit également argumentation par l’effet, ou de l’effet à la cause :

Vous avez de la fièvre, donc vous avez une infection.
Argument : — On constate l’existence d’un fait f : la température corporelle du patient est de 39°. Ce fait f entre dans la catégorie des faits Favoir de la fièvre
Loi de passage : — Il existe une loi causale liant la catégorie de faits F avoir de la fièvre” à la catégorie de faits I, “avoir une infection”.
Conclusion :  — e a une cause de type I, soit : “Vous avez une infection”.

C’est le processus du diagnostic : on pourrait parler d’argumentation diagnostique. Elle rejoint l’argumentation par l’indice. L’effet, la conséquence de l’infection, le fait d’avoir de la température, est exploité en tant que signe naturel de sa cause, l’infection.

La procédure rappelle celle de l’abduction, dans la mesure où proposer une cause pour un effet suppose d’associer une théorie à cet effet.

2. Argumentation pragmatique

L’argumentation par la conséquence remonte de la conséquence pour conclure à la cause. Dans le domaine de la décision, l’argumentation pragmatique recommande ou rejette une mesure sur la base des conséquences positives ou négatives qu’elle attribue à cette mesure.

3. Argumentation par l’identité des conséquences

Si faire telle chose est condamné / loué parce que cela entraîne mécaniquement des conséquences considérées comme négatives / positives, alors, par un raisonnement a pari, tout ce qui est susceptible d’avoir une conséquence du même type doit être condamné / loué.
Si la raison donnée pour interdire la consommation du haschich est que cette substance fait perdre la maîtrise de soi alors tout ce qui fait perdre la maîtrise de soi est condamnable, par exemple l’alcool.
L’argumentation par les conséquences vaut pour les déductions opérées sur le sens des mots comme pour les déductions causales. Elle exploite le fait que le locuteur est tenu d’assumer tous les contenus qu’on peut inférer à partir de ses dires :

Si le conséquent est toujours le même, conclure que les antécédents sont aussi les mêmes. Xénophane disait “Ceux qui prétendent que les dieux naissent sont tout aussi impies que ceux qui affirment qu’ils meurent ; la conséquence est dans les deux cas est que pendant un temps les dieux n’existent pas”. (Aristote, Rhét. II, 23, 1399b5 ; trad. Dufour, p. 122-123).