Genre, Arg. du —

Argumentation fondée sur le GENRE

L’arg. fondée sur le genre (ang. “genre”, vs. « gender”) attache à un membre d’une catégorie les stéréotypes de la catégorie.

1. Genre, générique

— Dans le langage courant, genre peut être utilisé comme marqueur d’approximation (je cherche un truc genre foulard), ou au sens de “par exemple” dans je cherche un truc genre foulard pour faire un cadeau. Genre fonctionne également comme pur ponctuant discursif :

du coup, on se posait la question parce que: en soi genre ya pas beaucoup de légumes qui poussent dans hm saison quand y fait aussi froid\ c’est fin comment on fait pour manger genre local et de saison si y a pas de légumes (rire) local et de saison\

— Dans une classification, un terme générique est un terme désignant un genre admettant plusieurs espèces (sous-genres).
En linguistique, le terme général (chien) est dit hyperonyme de plusieurs termes particuliers (Labradors, caniches…), qui sont ses hyponymes. Hyperonyme et hyponymes sont dans la relation genre / espèce. Parler de bouledogue est plus précis que parler simplement de chien ;  parler de chien est plus général que parler de bouledogue.

Un terme générique n’est pas un terme collectif. Un terme collectif est un substantif comme ensemble, tas, groupe, troupeau, équipe, collection… Ces noms renvoient au singulier à un ensemble d’objets ou d’individus pris comme une totalité relativement stable. Le substantif collectif au pluriel renvoie à plusieurs ensembles distincts de ce type.
Un terme générique n’est pas un terme ambigu ; le mot chien n’est pas ambigu entre les différents noms d’espèces de chien.
Un terme générique n’est pas un terme flou ou obscur. Il peut être précisé par le nom d’une des espèces ou sous-espèces qu’il couvre. Il apporte une information dont la valeur est relative aux besoins de l’échange.

Extension et intension — L’extension d’un terme est l’ensemble des individus auxquels peut renvoyer ce terme, V. Définition (1). Comme un genre réunit plusieurs espèces, le terme générique a forcément une extension plus grande que celle de chacune de ses espèces.
Du point de vue langagier, l’intension d’un terme correspond au sens de ce terme, à sa définition. Du point de vue cognitif, l’intension d’un terme est le concept associé à ce terme.
On voit qu’extension et intension varient en sens contraire : ce qu’on gagne en extension, on le perd en intension, et inversement.
— Lorsqu’on passe de bouledogue à chien, l’extension augmente et l’intension diminue : on perd ou on néglige les caractéristiques spécifiques du bouledogue ; elles ne sont plus pertinentes.
— Lorsqu’on passe de chien à bouledogue, l’intension augmente, et l’extension diminue : il y a moins de bouledogues que de chiens.
Cette opposition extension/intension est essentielle lorsqu’on évalue la pertinence d’une intervention par rapport à l’objet de la discussion.

2. Argument du genre

L‘argumentation du genre applique à un être les propriétés qui caractérisent la catégorie d’êtres à laquelle il se rattache. Il est parfois désigné par son nom latin : argument ejusdem generis, de genus, “genre” et idem “identique”.

Au sens strict, il transfère sur un individu les propriétés et devoirs attachés au genre dont relève son espèce. Au sens large, il attache à un individu les caractères de la catégorie à laquelle il appartient, V. Classification ; Catégorisation ; Définition ; Règle de justice ; A pari ; A contrario.

En particulier, genre peut être pris au sens qu’il a pour les “études de genre” qui étudient « les relations et les corrélations entre le sexe physiologique et le genre sexuel » (Wikipedia, Gender studies, 20-09-2013). On peut appeler l’argument du genre l’argumentation qui fonde une conclusion sur un argument spécifiant le genre (gender) de la personne considérée : “tu es un garçon, joue donc un peu à la poupée !”.
Cette argumentation est simplement une application au cas particulier du genre ( “gender”) de l’argumentation par catégorisation – définition. N’importe quelle argumentation fondée sur la catégorie X peut ainsi s’appeler “argument de X” : “Vous êtes professeur de mathématiques, vous devez être capable de calculer !”.

3. Clause d’extension au genre

La clause généralisante “et les choses du même genre” permet d’étendre à tous les êtres d’une même catégorie une disposition explicitement prise à propos de certains êtres prototypiques de la catégorie et explicitement énumérés. Le texte a la forme : “cette disposition concerne les a, les b, les c, et tous les êtres du même genre”, par exemple “… les voitures, les motos, et tous les moyens de transport”. Genre a ici le sens de catégorie.
Soit un être x ne figurant pas dans l’énumération ; s’il est possible de considérer que x appartient à la catégorie définie par l’énumération, alors, la clause “et tous les êtres du même genre” permet d’étendre à x la disposition concernant les a, les b et les c. Elle montre que les êtres cités (les a, les b et les c) sont là non seulement pour eux-mêmes, mais aussi en tant que prototypes sur lesquels est construite la catégorie, V. Analogie catégorielle.
À la différence de la clause explicite d’extension au genre, la particule etc. ouvre la liste sur de nouveaux individus, mais ne donne pas de catégorisation claire.
L’existence d’une telle provision générique permet l’application de la règle de justice ainsi que des argumentations a pari et a contrario.

On doit payer l’impôt sur les poules, et les oies, et les autres animaux de basse-cour.
Conclusion : donc sur les canards et les lapins.

Les poules et les oies sont mentionnées seulement comme exemples prototypiques de la catégorie “animaux de basse-cour”. On peut discuter si un paon est un animal de basse-cour. A contrario, l’absence de provision générique limite l’application de la mesure aux êtres explicitement cités :

On doit payer l’impôt sur les poules et les oies.
Conclusion : Donc même pas sur les canards.

À moins que l’on n’invoque l’intention du législateur.

Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamées dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Déclaration universelle des droits de l’homme, Art. 2, § 1 [1]

Cette clause extensive se trouve dans les notices d’utilisation précisant le bon usage d’un objet ; le fabricant se prémunit contre de possibles actions en justice :

Barbecue fixe en béton — Attention ! Ne pas utiliser d’alcool, d’essence ou autre liquide analogue pour allumer ou réactiver le feu. (Étiquette collée sur un barbecue)

V. Topique juridique.


[1] http://www.un.org/fr/documents/udhr/], (20-09-2013)