Inversion d’ORIENTATION argumentative
Deux énoncés, deux termes ou deux occurrences d’un même terme sont antiorientés s’ils sont orientés vers des conclusions opposées.
1. Termes antiorientés
Un énoncé est linguistiquement orienté vers une certaine conclusion s’il peut servir d’argument pour cette conclusion. “Pierre est intelligent”, est orienté vers la conclusion “il saura résoudre le problème”.
Par extension, un terme est orienté vers un certain type de conclusion lorsqu’il admet un prédicat orienté vers ce type de conclusion : “Être Intelligent” est orienté vers « savoir résoudre les problèmes”
Deux énoncés sont coorientés s’ils peuvent servir d’argument pour la même conclusion.
Les termes sont orientés en fonction des traits qui définissent leur catégorie et caractérisent leur stéréotype, dont on retrouve les éléments principaux dans la définition du dictionnaire, V. Argumentation par la définition :
Bourg :
— Agglomération rurale plus importante que le village et moins importante que la ville
— Assez important pour former une unité administrative, religieuse et ayant une vie propre
— Où se tient ordinairement le marché des villages environnants.
(Synthèse de TLFi, Village ; Bourg)
L1 : — C’est un bourg assez important
L2 : — Donc il doit y avoir un marché, un bar PMU, un collège …
Les substantifs et les adjectifs peuvent entrer dans des oppositions à multiples dimensions. En contexte argumentatif, l’opposition des positions tend à se polariser sous la forme de deux séries de termes cruciaux antiorientés, V. Question argumentative
c’est un terroriste / c’est un héros (de la nation opprimée)
une personne serviable / servile
Les éléments de tels couples peuvent être des mots simples, comme dans le cas précédent, ou des mots composés, dont la stabilité est extrêmement variable :
Bébé médicament / bébé sauveur, bébé docteur (V. Biais langagiers)
Un mot peut former un couple antiorienté avec son correspondant suffixé :
Un être bon // un être bonasse.
Les Martin sont arrivés // La Martinaille est arrivée.
2. Inversion d’orientation par modification adverbiale de l’énoncé
2.1 Introduction de l’adverbe trop
La théorie sémantique des topoï est régie par un principe sémantique “plus (argument), plus (conclusion)”: plus on est haut sur l’échelle, plus on est proche de la conclusion. Mais ce principe conduit à un paradoxe :
Quand l’eau est à vingt-deux degrés, tu te baignes ; quand elle est à vingt-cinq c’est mieux, et à trente encore mieux, plus l’eau est chaude, mieux c’est : donc tu devrais essayer dans la bouilloire !
Trop interrompt l’escalade, en inversant l’orientation argumentative :
L1 : — C’est bon marché, achète-le.
L2 : — Non, c’est trop bon marché, c’est louche
Parfois, trop renforce l’orientation : cher et trop cher sont coorientés vers je n’achète pas (voir infra pour l’adverbe justement)
Ces phénomènes ont reçu un traitement dans la théorie des blocs sémantiques (Carel 1995).
2.2 Substitution d’un adverbe à un autre
Presque / à peine
La permutation presque / à peine inverse l’orientation argumentative des énoncés dans lesquels ils entrent :
L1 : — Tu es presque guéri, tu peux bien venir à notre soirée !
L2 : — Je suis à peine guéri, je ne peux pas aller à votre soirée.
Le presque est paradoxal : “presque P” présuppose non P et argumente comme P. Si Léo est presque à l’heure, il n’est pas à l’heure. Mais on peut dire :
Excusez-le, il était presque à l’heure, il ne doit pas être puni.
Autrement dit, “presque à l’heure” argumente comme “à l’heure”. L’orientation argumentative d’un énoncé en presque peut être rejetée par un supérieur inflexible, qui rejette le cadrage positif qu’on prétend lui imposer.
L’argument du sens strict ou de la lettre du règlement s’oppose à l’effacement des seuils produits par presque et à peine.
Vous reconnaissez donc qu’il n’était pas à l’heure. Punition maintenue.
Cette coorientation de P et presque P ne vaut pas toujours pour certains prédicats qui marquent le franchissement d’un seuil. Si le scénario est celui du transport d’un grand malade, l’infirmier peut dire à l’ambulancier : “dépêche-toi, il est presque mort”, mais pas, avec la même intention de soins : “dépêche-toi, il est mort”.
Cependant, si le scénario est celui d’un assassinat un peu laborieux, l’assassin à l’œuvre peut dire à son complice, “dépêche-toi, il est presque mort, et tu n’as toujours rien trouvé pour le découper correctement”.
Peu / un peu
Ces deux adverbes donnent aux prédicats qu’ils modalisent des orientations argumentatives opposées (Ducrot 1972, Chap.7) :
Pierre a un peu mangé, son état s’améliore.
Pierre a peu mangé, son état ne s’améliore pas.
“Pierre a un peu mangé” est orienté comme “il a mangé”, alors que “Pierre a peu mangé” est orienté comme “il n’a pas mangé”. La substitution d’un morphème à un autre ne porte pas sur la quantité de nourriture (un peu serait plus que peu), mais purement sur l’orientation donnée à une quantité qui est fondamentalement la même.
2.3 Des réorientations indépendantes du contenu sémantique
Les orientations sont-elles dérivées des contenus sémantiques ou référentiels des mots ? Soit les énoncés :
(1) Pierre est serviable vs (2) Pierre est servile
Ces deux énoncés décrivent-ils deux comportements, ou bien une seule et même attitude ? Les deux positions peuvent être soutenues.
— Deux comportements — Aider sa grand-mère à découper le poulet, ce serait être serviable ; proposer à son chef de porter son unique petite valise serait servile. En conséquence, à chaque type de comportement est attachée une valeur différente, positive pour la serviabilité, négative pour la servilité ; pour déterminer la nature du comportement de Pierre, on doit scruter la réalité.
— Deux visions d’un même comportement — Selon la thèse ducrotienne, il est impossible d’opposer des adjectifs comme serviable et servile sur la base des contenus sémantiques référentiels de ces mots. La différence entre un acte serviable et un acte servile est indiscernable, que ce soit dans la réalité des comportements des personnes ou dans leurs intentions. Ces deux mots décrivent un seul comportement, mais font intervenir deux points de vue sur ce comportement, c’est-à-dire deux subjectivités, deux jugements de valeur, deux états émotionnels. Je juge positivement ce comportement, et je dis : Pierre est serviable ; je le juge négativement, alors Pierre est servile. La réalité ne dit rien sur la serviabilité ni sur la servilité. L’origine de la distinction n’est pas dans la réalité, mais dans la perception subjective structurante des locuteurs (celle qui fait qu’on peut voir la même personne comme un terroriste dangereux ou comme un humain en perdition).
Les mêmes remarques s’appliquent aux oppositions presque / à peine, peu / un peu, qui s’appliquent aux mêmes contenus
Le fait tangible est que les énoncés (1) et (2), créent chez l’auditeur des attentes opposées. Serviable oriente vers “ je le veux bien pour ami”, alors que servile annonce “je ne veux pas entendre parler de ce type” ; celui qui cherche des amis serviles ne cherche pas de “vrais amis”. En d’autres termes, serviable et servile sont antiorientés dire “Pierre est serviable”, c’est le recommander comme “quelqu’un de bien” ; dire “Pierre est servile”, c’est le disqualifier, “je ne peux pas le supporter”. Si la fonction pour laquelle Pierre est pressenti doit s’exercer auprès d’une personne particulièrement soucieuse qu’on lui marque de la déférence, alors “Pierre est servile” sert de recommandation ironique, englobant une réprobation des deux personnes : “ça fera une belle paire”.
Ces oppositions d’orientation jouent dans les stratégies de paradiastole (cf. infra) : “le monde va à l’envers : l’avare est économe, l’inconscient courageux”. Elles sont interprétées comme l’expression de biais parasitaires par les théories normatives d’inspiration logique.
3. Inversions d’orientation par reprise et restructuration du même matériel lexical
La rhétorique classique a repéré de nombreux phénomènes de retournement du même ordre, comme les suivants.
3.1 Ironie : Réorientation par recontextualisation d’un énoncé
Tout est possible avec la SNCF, ça c’est le meilleur slogan que vous ayez trouvé
— Dit par une voyageuse à un contrôleur alors que le train est arrêté en pleine campagne depuis deux heures.
Le slogan est orienté vers “la SNCF est capable de l’incroyablement positif”; les circonstances montrent que “la SNCF est capable de l’incroyablement négatif”.
3.2 Antanaclase — Paronymie
Le mot antanaclase est un calque du grec antanaclasis, “1. répercussion, réfraction de la lumière, du son, 2. Répétition d’un mot en un autre sens.” (d’après Bailly 2020)
L’antanaclase (en latin adnominatio, annomination) exploite les différentes acceptions d’un terme pour inverser son orientation argumentative.
L’antanaclase reprend dans le discours de l’opposant un terme polysémique ou homonymique. Dans cette seconde occurrence, l’opposant donne au terme un sens et une orientation différents de celui qu’il avait dans la première. En d’autres termes, le signifiant S0 peut avoir les significations Sa et Sb. Il a le sens Sa avec l’orientation Oa dans sa première occurrence et le sens Sb avec l’orientation Ob dans la seconde. Le mot est en quelque sorte antiorienté avec lui-même, dans son propre espace sémantique.
La reprise du signifiant S0 doit avoir lieu dans une même unité discursive, énoncé, passage ou échange. Elle peut être effectuée soit par un même locuteur dans un même discours, soit par un second locuteur dans une intervention réactive.
— Dans une même intervention, l’antanaclase introduit de la confusion, puisqu’on emploie le même mot pour désigner des choses différentes.
— Dans un syllogisme, l’antanaclase introduit en fait deux termes sous le couvert d’un même signifiant S0, et produit ainsi un syllogisme non pas à trois mais à quatre termes, c’est-à-dire un paralogisme, V. Évaluation du syllogisme
— Dans l’interaction, l’antanaclase est une forme de rétorsion ironique, échoïque et agressive. Les deux sens du terme sont actualisés dans deux tours de parole consécutifs, le second invalidant le premier.
L1 : — Monsieur, un peu de tolérance ! (tolérance vertu)
L2 : — La tolérance, il y a des maisons pour ça! (tolérance vice)
L1 : — Nous n’avons pas pu vous réserver un hôtel, en ce moment, c’est la foire à Lyon.
L2 : —J’ai l’impression que c’est souvent la foire à Lyon.
Dans le second exemple, le second terme de l’antanaclase réoriente ce qui était dit comme une excuse vers le reproche : “vous êtes incapables de vous organiser”.
L’antanaclase a quelque chose de l’auto-réfutation; la reprise mot pour mot ridiculise le discours de L1, V. Destruction.
Le recours aux dérivés permet des manœuvres de ce type. Celui qui trouve son travail aliénant est un aliéné, ou, dans la version de Thierry Maulnier :
Le policier idéologique du collectivisme peut dire à peu près de même à l’opposant : “Pour qui vient protester contre l’aliénation, dans notre société, nous avons des asiles d’aliénés.”
Thierry Maulnier, Le Sens des mots. 1976. [1]
La réorientation opérée par antanaclase diffère de celle qu’opère justement. Cet adverbe prend un énoncé orienté vers une conclusion donnée, concède l’énoncé (accepte l’information), et lui fait servir la conclusion opposée ; dans le cas précédent cela donne : “Justement, si c’est la foire, c’était annoncé depuis longtemps et vous auriez dû prendre vos précautions”. L’antanaclase ne prend pas au sérieux l’information, elle désoriente le discours.
La paronymie correspond à l’antanaclase étendue au cas des quasi-synonymes.
3.3 Antimétabole : Introduction d’une nouvelle orientation par conversion de l’énoncé
Comme l’antanaclase, l’antimétabole est une technique de réorientation – désorientation du discours de l’adversaire.
L’antimétabole permute les composantes d’un groupe syntaxique, V. Conversion.
Ce discours est repris et restructuré syntaxiquement de façon à le désorienter ou à lui donner une orientation différente ou opposée à son orientation primitive. Dupriez cite les mécanismes de permutation déterminant/déterminé, un discours sur « la vie des mots » pourra être détruit, ironiquement, par l’affirmation d’une préférence pour «les mots de la vie » (Dupriez 1984, p. 53-54).
Nous ne vivons pas une époque de changement, nous vivons un changement d’époque.
Ces effets d’annonce se réduiront vite à des annonces sans effet.
L’antiorientation n’est plus portée par le même mot comme dans le cas de l’antanaclase, mais par le même matériel lexical restructuré.
3.4 Paradiastole : la nuance qui change tout
Dans le cas de la paradiastole, l’antiorientation est produite par l’opposition d’un mot à un de ses quasi-synonymes.
Le terme paradiastole est un calque d’un mot grec composé sur une base exprimant les idées d’expansion et de distinction. Dans le monologue, la paradiastole « [établit] un système de nuancements ou de distinctions précisantes, en général développées sur des parallélismes de phrase » (Molinié 1992, art. Paradiastole). On retrouve la même idée dans le terme latin distinguo, qui désigne une figure du même type. Les exemples de paradiastole sont donnés sous la forme d’énoncés, opérant des raffinements de définition d’un même concept ou de distinction de concepts ou de mots souvent rapprochés mais qui, du point de vue du locuteur, doivent être néanmoins distingués : “la tristesse ce n’est pas la dépression”.
En dialogue, la paradiastole est une figure de contradiction, portant sur le langage utilisé par le locuteur. La distinction est opérée entre deux mots considérés comme des synonymes. Chagrin et tristesse sont des synonymes très proches (DES, Chagrin ; Tristesse), mais on peut néanmoins les opposer sur des bases plus ou moins fondées :
Un esprit chagrin, ce n’est pas un esprit triste
La tristesse, ce n’est pas le chagrin; on a du chagrin pour une cause précise, alors qu’on peut être triste sans savoir pourquoi.
Elle peut servir un changement d’orientation argumentative :
L1 : — Je suis déprimé, je dois voir un psy.
L2 : — Non, tu n’es pas déprimé, tu es triste, et la tristesse ça ne relève pas de la médecine.
À la différence de la renomination (cf. §, il s’agit non pas de donner un autre nom à la même chose, mais de rectifier une désignation trompeuse.
4. Inversion d’orientation par renomination
La langue a lexicalisé sous forme de deux termes, serviable et servile, les désignations antiorientées appliquées à une même forme de comportement; le discours produit sans cesse des paires antiorientées qui ont exactement le même fonctionnement argumentatif :
Et l’on voit les amants vanter toujours leur choix ; […]
La trop grande parleuse est d’agréable humeur,
La muette garde une honnête pudeur.
Molière, Le Misanthrope, II, 4 ; cité dans Douay 1993, p. 233.
L’opposition est entre l’être de la personne (du point de vue du locuteur, une trop grande parleuse, une bavarde), et ce qu’en dit son amant (“elle est d’agréable humeur”). On voit sur cet exemple que cette situation se généralise au discours, où la paradiastole n’opère plus strictement entre deux termes, mais entre deux discours ; il y a traduction d’un point de vue dans un autre.
L1 : — Il est courageux.
L2 : — Je ne dirais pas cela. Il sait affronter le danger, d’accord, mais il me semble que pour être vraiment courageux, il faut aussi avoir un système de valeurs…
L’adéquation d’un terme à son objet est contestée dans un discours plus ou moins ample. Sous sa forme la plus radicale, on a une opposition terme à terme :
L1 : — Il est courageux.
L2 : — Je n’appelle pas ça du courage mais de l’inconscience.
5. Inversion d’orientation par changement de la loi de passage
L’adverbe justement, dans un de ses emplois, peut opérer une inversion d’orientation argumentative :
L1 : — Pierre ne veut pas sortir, il est déprimé.
L2 : — Eh bien justement, ça lui changera les idées.
“Il est déprimé” justifie la décision de ne pas sortir ; justement admet la vérité de cet argument, mais l’oriente vers la conclusion opposée : Pierre devrait plutôt sortir (Ducrot 1982), en lui appliquant la règle différente : « quand on est déprimé, on veut rester à la maison » vs « sortir, c’est bon pour la dépression ».
Le discours de l’inversion s’appuie sur la lettre de ce que dit l’adversaire et lui rétorque : “Ton discours ne dit pas ce que tu veux lui faire dire ; il dit même le contraire ; tu es ton propre réfutateur”. L’inversion s’approprie le dire de l’interlocuteur et le réoriente vers une conclusion opposée à la conclusion primitive. Elle oppose à l’interlocuteur son propre dire, et porte ainsi atteinte à sa face conversationnelle. Ce procédé est plus proche des stratégies de destruction du discours de type ad litteram que des stratégies de réfutation ou d’objection, .orientées vers le contenu.
6. Inversion d’orientation par recatégorisation de la situation : antiparastase
L’antiparastase retourne la qualification d’une action. C’est une réévaluation de l’action dans un contexte accusatoire ; le mot renvoie à la théorie des stases. C’est une stratégie de repositionnement de l’accusé face à l’accusation qui le vise : l’accusé reconnaît les faits qui lui sont reprochés et inverse leur qualification en « [revendiquant] hautement la justesse de sa position » (Molinié 1992, Antiparastase):
Ce n’est pas un délit, mais un acte citoyen : je me fais donc gloire d’avoir fauché le champ d’OGM.
L1 : — Vous l’avez tué !
L2 : — À sa demande, j’ai mis fin à ses souffrances.
Le premier énoncé est accusatoire, “vous méritez une lourde condamnation !” ; le second introduit un argument qui inverse cette orientation : “ce que j’ai fait est un acte de courage”, V. Mobiles.
Cette forme de contre-argumentation donne d’un même fait deux orientations opposées. Dans l’antanaclase, il y a une feinte d’acceptation et un retournement implicite. Dans l’antiparastase, le renversement d’orientation est explicite.
L’antiparastase suppose une hiérarchie des modalités d’évaluation binaire “louable – blâmable” ; on ne considère pas le cas où on opposerait à l’accusation que l’action dite blâmable est en fait indifférente. C’est un cas de passage des contraires aux contradictoires.
Ce choix de défense confère au locuteur un éthos militant ou rebelle. Dans le cas de l’euthanasie, à l’accusation de meurtre répond la revendication du fait comme une action louable, ayant permis de soulager des souffrances insupportables, à quoi on ajoute non seulement que l’action a été faite avec le consentement de la personne, mais à sa demande.
Antigone oppose à Créon une telle contre-évaluation. Le potentiel dramatique d’une telle situation où se confrontent des discours fondés sur des valeurs radicalement opposées explique peut-être pourquoi ce cas a été jugé digne d’une étiquette, mais toutes les stratégies de repositionnement sont d’un intérêt égal.
[1] Paris, Flammarion, 1976, p. 9-10.