Verbiage

VERBIAGE

La Logique de Port-Royal stigmatise la technique de l’invention comme stimulant la « mauvaise fertilité des pensées communes » (Arnauld et Nicole [1662], p. 235), V. Rhétorique. La même critique est adressée aux techniques de l’elocutio qui, en vantant et en stimulant l’abondance des mots, produisent un discours verbeux et redondant, V. Inutilité.

Parmi les causes qui nous conduisent à l’erreur par un faux éclat nous empêchant de la reconnaître, il faut mentionner une certaine éloquence grandiose et pompeuse. […] Car il est merveilleux de voir avec quelle douceur un faux raisonnement s’insinue par période qui flatte notre oreille, ou par une figure surprenante dont la contemplation nous charme. (Ibid., p. 279)

On reconnaît le discours “contre le langage orné”. Selon Cicéron, l’abondance de mots, copia verborum, définit l’éloquence. Le rejet de l’éloquence, renommée verbiage, est un point clé de l’opposition de la logique à la rhétorique.

La fallacie de verbiage est une sorte de méta-fallacie, la mère de toutes les fallacies car elle ouvre la voie à toutes les autres. D’après Whately :

Une très longue discussion est l’un des masques les plus efficaces des fallacies ; […] une fallacie, qui, affirmée sans voile […] ne tromperait pas un enfant peut tromper la moitié du monde si elle est délayée dans un gros in-quarto (Elements of Logic [1844], p. 171). (Cité par Mackie (1967, p. 179).

Le verbiage n’a rien à voir avec la nécessaire accumulation des faits dans l’induction, comme dans toute vision empirique et positive de la science.