K_Amalgame

Amalgame

La Terreur

En 1793-1794, pendant la Révolution, la France est gouvernée sous le régime de l’état d’exception. L’assemblée prévue par la constitution, la Convention est de fait suspendue et le pouvoir est exercé par le Comité de Salut Public et le Comité de Sûreté Générale, qui mettent « la terreur à l’ordre du jour ». Suite au mot d’ordre de Robespierre « toutes les factions doivent périr du même coup » (15 mars 1794)[1],

Hébert, dit “Le père Duchesne”, les hébertistes plus quelques autres déclarés « leurs complices » sont exécutés le 24 mars 1794, sous le chef d’accusation de « complot de l’étranger ». Hébert Danton et les dantoniens plus quelques autres déclarés leurs complices, sont exécutés le 5 avril 1794

Jean Massin, Robespierre, Club français du Livre, 1956, p. 245[2]

 

Les Hébertistes

Dans la nuit du 23 au 24, Ronsin, Vincent, Hébert, Momoro, Mazuel et Ducroquet sont arrêtés. Dans le procès qui va suivre, et qui se terminera par leur exécution, le 4 germinal [24 mars 1793], ils seront amalgamés avec Cloots, Kock, Proli, Desfieux, Pereira et Dubuisson, sous le chef d’accusation commun de « conspiration avec l’étranger». Mais les résultats montreront vite que la réalité n’était pas si simple.

 

Les Dantonistes

Lorsque le 16 Germinal [5 [avril] 1794] les têtes de Danton, Desmoulins, Delacroix et Philippeaux roulent en même temps que celles de Fabre, Delaunay, Chabot et Basire, de l’équivoque Hérault de Séchelles, des banquiers Frey et Guzman, du général aventurier Westermann et de l’abbé spéculateur d’Espagnac, tout observateur superficiel aura nécessairement l’impression que Robespierre est à présent le seul maître possible de la France. (p. 245)

 

Danton, Desmoulins, Delacroix et Philippeaux

Fabre, Delaunay, Chabot et Basire,

Hérault de Séchelles,

Frey et Guzman,

Westermann

d’Espagnac,

ça fait douze.  Madelin parle des quinze hommes

 

Albert Mathiez, La Révolution française, T.3, La Terreur. Armand Colin, 6e éd. 1940, p. 156-157

Les Hébertistes

Le procès des Hébertistes, qui dura du 1e au 4 Germinal, fut avant tout un procès politique. Le grief qu’on avait d’abord invoqué contre eux d’être responsable de la famine s’effaça devant le grief nouveau, infiniment plus sérieux, d’avoir comploté l’insurrection. À l’appui du premier grief on adjoignit à Hébert le commissaire aux accaparements Ducroquet, son ami, et un agent des subsistances, Antoine Descombes. Pour démontrer l’entente avec l’ennemi, car il ne pouvait y avoir de complot sans Pitt et Cobourg, on rangea parmi les accusés Anacharsis Cloots, Proli, Kock et les agents secrets du ministère des affaires étrangères, Desfieux, Pereira et Dubuisson. Les autres accusés, Ronsin, Mazuel, Vincent, Leclerc et Bourgeois, chefs des bureaux de la guerre, Momoro, etc., étaient les chefs qui préparaient le coup de main.

Tous furent condamnés à mort, à l’exception du mouchard Laboureau qui fut acquitté. L’exécution eut lieu au milieu d’une foule immense qui injuriait les vaincus. Ils moururent avec courage, sauf Hébert, qui donna des signes de faiblesse.

 

Hébertistes

1e accusation, responsables de la famine

Hébertistes

+ Ducroquet, commissaire aux accaparements, ami de Hébert,

Antoine Descombes, agent des subsistances.

2e accusation, entente avec l’ennemi

Anacharsis Cloots, Proli, Kock

+ Desfieux, Pereira et Dubuisson, agents secrets du ministère des affaires étrangères

+ Ronsin, Mazuel, Vincent, Leclerc et Bourgeois, chefs des bureaux de la guerre,

et Momoro, etc., étaient les chefs qui préparaient le coup de main.

 

Les Dantonistes

Le procès dura quatre jours, comme celui des Hébertistes, du 13 au 16 germinal, mais il fut infiniment plus mouvementé. L’amalgame qui réunit les 14 accusés n’avait pas été composé au hasard. Pour joindre Delacroix, Danton, Desmoulin à Chabot, à Basire, à Delaunay, à Fabre, les bonnes raisons ne manquaient pas. Héraut de Séchelles aurait pu trouver place dans la fournée des Hébertistes, puisqu’il avait été l’ami et le protecteur de Proli et de Cloots, mais il était nommé dans les dénonciations de Basire et de Chabot et les Comités, en le joignant à Fabre, son premier dénonciateur, avaient voulu mettre en évidence par cet exemple frappant la liaison intime et secrète des ultra et des citra, leur complicité commune dans l’œuvre de destruction du gouvernement révolutionnaire. Quant à Philippeaux, il payait ses accusations de trahison contre le Comité et les louanges hyperboliques de Desmoulins.

(à suivre)

 

Soboul

Les hébertistes

Le procès amalgama au groupe cordelier (Hébert, Ronsin, Vincent, Momoro), à des patriotes avancés (Mazuel, chef d’escadron de la cavalerie révolutionnaire, l’intègre Descombes, de l’Administration des subsistances), à des militants populaires (Ancard, du club des Cordeliers, l’humble Ducroquet, commissaire aux accaparements de la section Marat), des agents de l’étranger: Cloots, le banquier Kock, Proli, Desfieux, Pereira, Dubuisson. Tous furent guillotinés le 4 germinal an II (24 mars 1794) (p. 312)

Les dantonistes

Aux chefs dantonistes, le procès amalgama les députés prévaricateurs, des agents de l’étranger (Guzman et les frèrs Frey), un spéculateur, l’abbé d’Espagnac, le général Westermann, ami de Danton, Héraut de Séchelle enfin. (p. 312)

 

Bernard Vinot, Saint-Just. Fayard, 1985.

Pour étoffer un réquisitoire assez peu convaincant, Saint-Just pratique l’amalgame : à Danton, on associerait des co-inculpés répondant de multiples chefs d’accusation. Chabot, Basire, Fabre et Delaunay évoqueraient la concussion et les malversations ; Frey et Guzman, financiers, l’argent impur de l’étranger ; Hérault, l’hébertisme, la trahison et le vice. Puis, en deux phrases, Saint-Just fait l’histoire de cinq ans de perfidie. « Il y a eu une conjuration tramée depuis plusieurs années pour absorber la Révolution française dans un changement de dynastie. Les factions de Mirabeau, des Lameth, de Lafayette, de Brissot, de d’Orléans, de Dumouriez, de Carra, d’Hébert, les factions de Chabot, de Fabre, de Danton ont concouru progressivement à ce but par tous les moyens qui pouvaient empêcher la République de s’établir et son gouvernement de s’affermir. En signant l’acte d’accusation (à l’exception de Ruhl et de Lindet) les membres des deux comités réunis cautionnaient cet amalgame. (p. 248-249)

amalgame : p. 238 ; 243 ; 245 ;

 

[1] https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k288982/texteBrut

[2]