1. Le discours renversé
(T1) In by-gone days, Mi Tzŭ-hsia was in favour with the Ruler of Wei. According to the Law of the Wei State, « whoever in secret rides in the Ruler’s coach shall have his feet cut off. » Once Mi Tzŭ-hsia’s mother fell ill. Somebody, hearing about this, sent a message to Mi Tzŭ late at night. Thereupon Mi Tzŭ on the pretence of the Ruler’s order rode in the Ruler’s coach. At the news of this, the Ruler regarded his act as worthy, saying: « How dutiful he is! For his mother’s sake he even forgot that he was committing a crime making him liable to lose his feet. » Another day, when taking a stroll with the Ruler in an orchard, he ate a peach. It being so sweet, he did not finish it, but gave the Ruler the remaining half to eat. So, the Ruler said: « You love me so much indeed, that you would even forget your own saliva taste and let me eat the rest of the peach. » When the colour of Mi Tzŭ faded, the Ruler’s love for him slackened. Once he happened to offend the Ruler, the Ruler said: « This fellow once rode in my coach under pretence of my order and another time gave me a half-eaten peach. » The deeds of Mi Tzŭ had themselves never changed. Yet he was at first regarded as worthy and later found guilty because his master’s love turned into hate.
Han Fei TseLiao Ch. XII Difficulties in the Way of Persuasion
(T2)
Han Fei TseLiao Chapter III. On the Difficulty in Speaking: A Memorial | La répugnance que j’éprouve à parler ne tient pas aux difficultés que j’y trouve, mais à ceci. Mon verbe est agréable et facile, mes périodes s’enlacent en tresses lustrées : on me reprochera de sacrifier la forme au fond. […] J’ai de la verve, mes arguments frappent, mon style chatoie : littérature ! dit-on. Je néglige les artifices littéraires, je m’attache au concret : je suis un rustre. J’ai à la bouche les citations classiques, je prends l’antiquité pour modèle : je ne suis qu’un perroquet. Voilà pourquoi j’ai tant de réticence à parler et redoute le malheur. |
Le conseiller n’est jamais en sécurité
(contrairement à l’orateur)
(T3) Conseiller, un emploi difficile …
Comment se faire écouter du monarque éclairé?
In remote antiquity, when T`ang 8 was the sanest and I Yin 9 the wisest of the age, though the wisest attempted to persuade the sanest, yet he was not welcomed even after seventy times of persuasion, till he had to handle pans and bowls and become a cook in order thereby to approach him and become familiar with him. In consequence T`ang came to know his worthiness and took him into service. Hence the saying: « Though the wisest man wants to persuade the sanest man, he is not necessarily welcomed upon his first arrival. » Such was the case of I Yin’s persuading T`ang. Again the saying: « Though the wise man wants to persuade the fool, he is not necessarily listened to. »
Han Fei TseLiao Chapter III. On the Difficulty in Speaking: A Memorial
Aucun des antiques souverains ne fut plus saint que T’ang le Victorieux, nul vassal ne fut plus avisé que Yi Yin, et pourtant le plus sage des ministres parla soixante-dix fois au plus saint des rois avant de s’en faire écouter. Il fallut qu’il entrât dans les cuisines comme maître queux pour que son roi, l’ayant en familiarité, découvrît ses vertus et lui donnât un emploi. L’histoire de Yi Yin illustre à l’évidence que le plus sage des sujets peut donner des conseils au plus sage des princes sans qu’ils soient retenus.
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(T4) … et dangereux
Le monarque stupide peut mettre à mort son conseiller; « tranformé en hachis, il marine dans la saumure ».
En effet, pour juste que soit votre jugement, pour sensés que soient vos arguments, seront-ils pour autant entendus ? Et ne peut-on craindre d’être au mieux calomnié et mis à mort?
Wou Tse hsiu eut la tête tranchée malgré son astuce, l’éloquence de Confucius ne lui évita pas d’être assiégé à K’ouang . […] Était-ce parce que ces personnages manquaient de vertu ? Nullement, mais leurs maîtres n’étaient pas des monarques éclairés.
Le marquis de Yi fut rôti, celui de Kouei salé et séché ; le prince Pi-kan eut le cœur arraché ; Mei Po transformé en hachis, marina dans la saumure ; Kouan Yi-wou fut emprisonné, Tchao Ki dut s’enfuit à Tch’en, Po-li tse mendia sur les chemins