Arg. du JUSTE MILIEU
L’argument de la modération s’oppose à l’appel au radicalisme. L’argument du juste milieu cherche un point d’équilibre entre les positions en présence.
1. Appel à la modération, appel à la radicalisation
En politique, la modération s’oppose au radicalisme ou à l’extrémisme, comme le réformisme à la révolution. L’argument de la modération [1] privilégie la nécessité de s’en tenir à la pratique, au compromis, de tenir des positions inclusives, de changer les choses, peu à peu afin de ne heurter personne.
L’appel au radicalisme se développe dans des discours qui mettent en avant l’urgence de la décision, le nécessité d’éviter l’enlisement et de prendre un nouveau départ, , la volonté d’être fidèle à tout prix à ses principes posés comme des antinomies, « la liberté ou la mort », etc.
Les éthos et les états émotionnels associés respectivement à la modération et au radicalisme sont nettement contrastés :
Conservateur vs révolutionnaire.
Ouvert au dialogue et au compromis vs intransigeant.
Réaliste vs idéaliste.
Calme vs exaltation.
2. Argument du juste milieu
L’argument du juste milieu cherche à attribuer à chacun son dû. .Il justifie une mesure en montrant qu’elle ne donne satisfaction à aucune des parties en compétition qu’elle présente comme des extrêmes. Il permet à son utilisateur de se situer dans la position du tiers responsable, V. Rôles.
Les organisations patronales m’attaquent, les syndicats ouvriers aussi, donc ma politique est juste. Je me tiens éloigné des extrêmes.
Le christianisme a rétabli dans l’architecture, comme dans les autres arts, les véritables proportions. Nos temples, moins petits que ceux d’Athènes, et moins gigantesques que ceux de Memphis, se tiennent dans ce sage milieu où règnent le beau et le goût par excellence.
Châteaubriand, Le Génie du christianisme [1802].[1]
La position intermédiaire est valorisée : “la vertu est dans l’entre-deux” (lat. in medio jacet virtus):
La vertu est dans l’entre-deux” (lat. in medio jacet virtus)
Ni téméraire, ni lâche, simplement courageux.
Contre le juste milieu
La recherche du juste millieu est impossible entre le persécuteur et le persécuté :“C’est ça, cinq minutes pour les Juifs et cin minutes pour Hitler ! Un peu pour l’un, un peu pour les autres.!”
L’argument du juste milieu est combattu par l’argument de la situation exceptionnelle qui demande des mesures radicales.
Celui qui souhaite trouver le juste milieu et appelle au compromis sera stigmatisé comme une personne indécise, qui ne veut pas examiner en détail les arguments des parties, qui ne veut ni se compromettre ni s’engager.
“Assez de discussion, coupons la poire en deux” : Comme le montre, si l’on ose dire, le cas du jugement de Salomon, cette division n’est pas toujours possible.
[1] Lat. arg. ad temperentiam; temperantia, “modération, mesure”
[1] 3e partie, livre 1, chap. 6. Tours, Mame, 1877, p. 194-195.