POLYSYLLOGISME
Le polysyllogisme est un “sorite syllogistique”. C’est une suite de syllogismes telle que la conclusion de l’un sert de prémisse au suivant.
1. Polysyllogisme progressif
Un polysyllogisme progressif est une suite ouverte de syllogismes telle que la conclusion de l’un sert de prémisse majeure au suivant.
Les conclusions intermédiaires (= prémisses majeures) peuvent être supprimées.
Tout vertébré a le sang rouge, tout mammifère est vertébré, tout carnassier est mammifère, tout félin est carnassier, donc, tout carnassier a le sang rouge.
Ce polysyllogisme progressif s’analyse comme suit.
1e col. : le polysyllogisme progressif
En italique, les conclusions (= prémisses majeures) du syllogisme suivant.
2e col. : les trois sylllogismes composant le polysyllogisme progressif
tout vertébré a le sang rouge | Syl. 1 – Prém. Maj. |
tout mammifère est vertébré | Syl. 1 – Prém. Min. |
tout mammifère a le sang rouge | Syl. 1 – Concl. = Syl. 2 – Prém. Maj. |
tout carnassier est mammifère | Syl. 2 – Prém. Min. |
tout carnassier a le sang rouge | Sy2 Concl. = Sy. 3 – Prém. majeure |
tout félin est carnassier | Sy 3 – Prém mineure |
Tout carnassier a le sang rouge | Syl. 3 – Concl. |
Diagramme
Les contours représentent des ensembles dont le nom figure dans le contour, du plus englobant au moins englobant.
“L’ensemble des vertébrés contient l’ensemble des mammifères, qui contient l’ensemble des carnassiers, qui contient l’ensemble des félins”. La flèche du raisonnement va du large à l’étroit : “Vertébré => Mammifère => Carnassier => Félin”
« Il faut partir du prédicat qui a dans son extension un moyen terme très étendu et « descendre » grâce à des moyens termes dont l’extension est de plus en plus restreinte jusqu’au sujet dont le lien avec le prédicat se trouve ainsi établi » (Id., p. 255-256).
2. Polysyllogisme régressif
Un polysyllogisme régressif est une suite de syllogismes telle que la conclusion de l’un sert de prémisse mineure au suivant. Les conclusions = prémisses majeures peuvent être supprimées.
Chenique (1975, p. 256) donne comme exemple de polysyllogisme régressif le texte suivant, dont la compréhension est rendue difficile par la mention des “rebuts de la société” dont on a du mal à faire sens. Le prédicat “— sera sauvé”, est ambigu, d’une part, entre un sens religieux (« Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » (Évangile de Marc 10:31), et, d’autre part, un sens matériel, “— sera secouru”. Nous nous contenterons de reproduire le raisonnement contenu dans ce “polysyllogisme régressif” tel qu’il est reconstruit par Chenique.
L’indigent est malheureux
Tous les malheureux sont des rebuts de la société
donc l’indigent est un rebut de la société
Les rebuts de la société doivent être secourus
donc l’indigent doit être secouru
ce qui est secouru sera sauvé
donc l’indigent sera sauvé
1e col. : le polysyllogisme régressif
En italique, les conclusions = prémisses mineures du syllogisme suivant.
Elles peuvent être omises.
2e col. : les trois sylllogismes composant le polysyllogisme régressif
L’indigent est malheureux | Prém. Min. de Syl. 1 |
tous les malheureux sont des rebuts de la société | Prém Maj. de Syl. 1 |
DONC L’indigent est un rebut de la société | Concl. de Syl.1= Prém min. de Syl. 2 |
les rebuts de la société doivent être secourus | Prém Maj. de Syl. 2 |
DONC L’indigent doit être secouru | Concl. de Syl.1= Prém min. de Syl. 2 |
Ce qui est secouru sera sauvé | Prém Maj. de Sy. 3 |
DONC L’indigent sera sauvé | Concl. de Syl. 3 |
Diagramme
L’ensemble des « indigents » est inclus dans l’ensemble des « rebuts de la société » : l’ensemble des « rebuts de la société » est inclus dans l’ensemble des « gens doivent être secourus » ; l’ensemble l’ensemble des « gens doivent être secourus » est inclus dans l’ensemble des gens qui « seront sauvés »; donc les « indigents » « seront sauvés »
On “remonte”du sujet jusqu’au prédicat par des moyens termes de plus en plus étendus. (id. p. 257)
On “remonte”du sujet jusqu’au prédicat par des moyens termes de plus en plus étendus. (id. p. 257)
[1] Cet article est fondé sur Chenique, 1975, p. 255-258.