Quasi-logique

Argumentation “QUASI-LOGIQUE”

La notion d’argumentation quasi-logique est proposée par Perelman & Olbrechts-Tyteca.
Elle correspond à la première des trois catégories de « schèmes de liaison » “liant” un argument à une conclusion ([1958], p. 257). On comprend les arguments quasi-logiques :

en les rapprochant de la pensée formelle, de nature logique ou mathématique. Mais un argument quasi-logique diffère d’une déduction formelle par le fait qu’il présuppose toujours une adhésion à des thèses de nature non formelle, qui, seules permettent l’application de l’argument. (Perelman 1977, p. 65)

Six schèmes “quasi-logiques” sont analysés, trois formes relevant de « la logique » et trois « des mathématiques » :

Nous analyserons, parmi les arguments quasi-logiques, en premier lieu ceux qui font appel à des structures logiques – contradiction, identité totale ou partielle, transitivité ; en second lieu, ceux qui font appel à des relations mathématiques – rapport de la partie au tout, du plus petit au plus grand, rapport de fréquence. Bien d’autres relations pourraient évidemment être examinées. (1976, p. 261)

Perelman & Olbrechts-Tyteca considèrent que les définitions, « quand elles ne font pas partie d’un système formel, et qu’elles prétendent néanmoins identifier le definiens avec le definiendum, seront considérées par nous comme de l’argumentation quasi-logique » ([1958], p. 283), dont elles constituent « le type même » (([1958], p. 288).
Toute la problématique du sens des mots et de leur définition est ainsi considérée comme relevant d’une quasi-logique.

Les arguments quasi-logiques ont une caractéristique commune :

[Ils] prétendent à une certaine force de conviction, dans la mesure ils se présentent comme comparables à des raisonnements formels, logiques ou mathématiques. Pourtant, celui qui les soumet à l’analyse perçoit aussitôt les différences entre ces argumentations et les démonstrations formelles, car seul un effort de réduction ou de précision, de nature non-formelle, permet de donner à ces arguments une apparence démonstrative ; c’est la raison pour laquelle nous les qualifions de quasi-logiques. ([1958], p. 259).

Selon la définition traditionnelle, une fallacie est une argumentation qui ressemble à une argumentation valide mais qui ne l’est pas. De même, dans le Traité, les arguments quasi-logiques « se présentent comme comparables » aux raisonnements formels, mais ne le sont pas ; V. Fallacies; Logique; Typologies contemporaines.
La théorie logique des fallacies en conclurait que ces arguments sont pour cette raison fallacieux. La Nouvelle rhétorique échappe à cette conclusion, dans la mesure où elle conditionne la validité de l’argument à l’acceptabilité par l’auditoire universel.

Quasi-logique et mécanismes langagiers

L’étiquette quasi-logique est symptomatique de l’attitude des auteurs du Traité vis-à-vis de “la logique” que d’une part ils rejettent, mais par rapport à laquelle ils définissent l’argumentation en général, et ce type d’argument en particulier. Cette catégorie inclut toutes les stratégies argumentatives mettant en jeu des phénomènes langagiers comme la négation, la gradation, les transformations d’énoncés, les stéréotypes définitionnels, etc. : ce sont les mécanismes langagiers qui sont considérés comme une quasi-logique.

V. Définition ; Catégorisation ; A pari ; Réciprocité ; Relations ; Composition et division ; Proportion ; etc.