Opposition, Figures d’—

Figures d’OPPOSITION

Les rhétoriques des figures situent diversement les figures d’opposition, et nese réunissent pals les mêmes figures sous cet intitulé. La liste proposée comprend 22 figures, qu’il est possible de regrouper sur la bases des moments clés du développement de la situation argumentative.

1. Des listes

— Bonhomme : l’opposition recouvre l’antithèse et l’oxymore ; c’est une figure syntaxique, opposée aux figures morphologiques, sémantiques, et à base référentielle (1998 : 47).

— Fontanier: l’opposition est une espèce du genre trope « en plusieurs mots, ou improprement [dit] », et recouvre les variétés prétérition, ironie, épitrope, astéisme et contrefision ([1977]/1821 :143-154).
Dans le traité Des figures du discours autres que les tropes ([1977]/1827), l’antithèse est une « figure de style par rapprochement », comme la comparaison, la réversion, l’enthymémisme, la parenthèse et l’épiphonème.

— Lausberg ; dans le monde de l’ornatus, l’antitheton est une des quatre figures sémantiques (avec la finitio, la conciliatio, la correctio), et recouvre cinq figures : la regressio, la commutatio, la distinctio, la subiectio et l’oxymoron. Réf.

2. Vingt-deux figures d’opposition

La rhétorique des figures propose un ensemble très riche de notions et d’observations sur le thème de l’opposition discours / contre-discours, fondamental dans la situation argumentative ; les figures suivantes renvoient, à divers titres, à la confrontation dialogale comme à sa représentation dans le discours monologué.

Annomination ► Paronymie
Adynaton ► Maximisation
Antanaclase ► Inversion d’orientation
Antéoccupation ► Prolepse
Antimétabole ► Inversion d’orientation
Antiparastase ► Inversion d’orientation; Antithèse
Apodioxis ► Mépris
Astéisme ► Paronymie
Contraires
Dilemme
Distinguo
Dubitation ► Question argumentative
Énantiose ► Désaccord
Épitrope
Euphémisme ► Maximisation
Hypobole ► Prolepse
Interrogation ► Question argumentative ;
Question rhétorique
Ironie
Oxymore ► Non Contradiction
Métathèse ► Prolepse
Paradiastole ► Inversion d’orientation
Préocccupation ►Prolepse
Procatalepsis ► Prolepse
Prolepse
Subjection ► Question argumentative

Cette liste, certainement redondante et non exhaustive, est proposée dans l’ordre alphabétique. Chacun de ces termes n’apparaît pas forcément dans toutes les typologies des figures, et si un terme apparaît dans une typologie, il peut y occuper des positions très différentes, en fonction des principes de classement adoptés. En outre, dans chaque typologie « chaque catégorie de figure est définie par son marquage dominant, tout en présentant des traits secondaires non négligeables » (Bonhomme 1998, p. 14), qui seront peut-être mis en avant dans une autre typologie. Chacun de ces classements a sa logique, et chacune de ces logiques a ses limites.

Ces figures sont rattachées aux entrées suivantes :

Prolepse

 

Antéoccupation
Hypobole
Métathèse
Procatalepsis
Inversion d’orientation Antanaclase
Antimétabole
Antiparastase
Paradiastole
 Paronymie Annomination
Astéisme
Maximisation Euphémisme
Mépris Apodioxis
 Maximisation Adynaton
Question argumentative

Question argumentative ; Question rhétorique

Dubitation
Subjection
Interrogation
 Désaccord Énantiose
Non-Contradiction Oxymore


2. Un regroupement selon les phases de développement de la situation argumentative

Les mêmes observations s’appliquent au regroupement suivant, qui se propose d’ordonner schématiquement quelques figures de la contradiction dialogique, en les rapportant aux moments clés du développement de la situation argumentative. Ce procédé permet également d’évoquer, par attraction, d’autres figures possibles, principalement celles qui ont trait au traitement monologique de la question, et quelques figures qui apparaissent au terme du développement du processus argumentatif.

Émergence d’une situation argumentative Désaccord

S’approprier la question
Le locuteur s’approprie la question pour la traiter monologiquement par des figures dites de communication, interrogation (interrogatio), subjection (subjectio), dubitation (dubitatio).
Question argumentative

Invalider le discours opposé
Dans les figures d’invalidation du discours, l’argument présenté ou la position construite par l’interlocuteur ne sont pas entendus dans leur orientation originelle, ni, a fortiori, repris dans le discours du locuteur. Le discours contraire ou contrariant est rejeté en bloc, par des évaluations visant à :

Le détruire, notamment sur la base d’un défaut langagier.
— Le ridiculiser,

Désorienter le discours opposé
Une série de figures de déstabilisation visent moins à réorienter, qu’à désorienter le discours contraire. On utilise les mots de l’opposant pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils disent : “ton propre discours, tes propres mots te réfutent: antanaclase ; antimétabole.

Objecter, Concéder, Réfuter
Il est extrêmement difficile pour un argument de pénétrer le discours de l’autre. Il ne suffit pas qu’un argument soit dit, qu’un point de vue soit exprimé, il faut encore qu’il soit entendu et repris, même pour être réfuté ou déformé ; ces actes, pour négatifs qu’ils puissent paraître, marquent en fait l’émergence de la collaboration argumentative. Les formes suivantes intègrent des éléments du discours de l’autre :

— Intégration partielle, Distinguo ; Dissociation
— Intégration à des fins de réfutation, après reprise et reformatage :
antéoccupation (prolepse, hypobole) métathèse, . Réfutation, Épitrope, Objection.
— Réfutation faible correspondant en pratique à une confirmation : Réfutation, Paradoxe, Prolepse.

Ces figures peuvent être mises en relation systématique avec diverses facettes du développement des situations argumentatives. Elles correspondent à des moments stratégiques de l’argumentation dialoguée. Elles sont de claires manifestations d’une argumentation qui opère par confrontation directe des points de vue en compétition, avant même l’apparition des arguments.

Du point de vue des théories critiques, promouvant l’enrégimentement des argumentations attestées sous des critères éthiques ou rationnels, on considérera probablement que certaines de ces manœuvres sont fallacieuses, ce qui ne fait que renforcer la nécessité première de les situer et de les décrire : avant de juger, il faut comprendre.