Argumentativité

ARGUMENTATIVITÉ

La notion de question argumentative, permet de définir la notion de séquence argumentative prototypique, et de distinguer les degrés et les formes d’argumentativité de ces séquences.

1. Argumentation, langue, discours, genre et types discursifs

Pour les théories étendues de l’argumentation, la langue (Ducrot) ou le discours (Grize) sont essentiellement argumentatifs, V. Orientation ; Schématisation ; Argumentation 2.

Les théories restreintes de l’argumentation attachent l’argumentation à certains genres discursifs : délibératif, épidictique, judiciaire, publicitaire, prédicatif (prêche, discours adressé à un auditoire de fidèles d’une religion).

La linguistique textuelle distingue cinq types de séquences discursives : narrative, descriptive, argumentative, explicative et dialogale (Adam 1996, p. 33). Une séquence d’un certain type peut entrer comme sous-séquence d’une séquence d’un autre type.

Lorsqu’une information, un récit, une description, une explication, ou une narration sont développées à l’appui d’une réponse à une question argumentative, elles constituent des sous-séquences de la séquence argumentative, coorientées avec l’argumentation elle-même.
La séquence argumentative peut émerger dans n’importe quel genre ou type de discours. Elle est délimitée par des opérations de balisage spécifiques, et structurée par une contradiction ratifiée par les participants dont la parole est orientée par des intentions et par des conclusions opposées.

La notion de séquence argumentative ne présuppose pas de coupure nette entre séquence argumentative et les autres types de séquence. Les genres argumentatifs sont des fournisseurs réguliers de séquences argumentatives, mais ne sont pas les seuls.
La notion d’argumentation est axée sur la notion de question argumentative, qui définit de façon relativement claire la notion de séquence argumentative prototypique.  La notion d’argumentation est ainsi rendue indépendante des genres, indépendante de la rupture entre sciences et humanités, ouverte sur l’argumentation scientifique et socio-scientifique.
D’autres séquences, par exemple le bulletin météo ou la recette de cuisine, sont des objets périphériques pour les études d’argumentation, mais peuvent bien entendu devenir pleinement argumentatives si elles sont prises dans une question argumentative.

Dans la mesure où l’argumentation est définie comme une activité langagière et qu’on ne fait pas de l’argumentation le tout des structures et des activités langagières, la description doit faire systématiquement appel à des éléments de grammaire textuelle et à l’étude des interactions.

2. La séquence : Degrés et formes d’argumentativité

Définie comme l’apparition et le traitement d’une différence de positions pertinentes pour la conversation ou l’action en cours, l’argumentativité d’une séquence n’est pas une question de tout ou rien ; on peut distinguer des formes et des degrés d’argumentativité. Schématiquement :
i)  En ce qui concerne le degré, un échange commence à devenir argumentatif lorsque surgit une opposition entre deux orientations de discours, et ce caractère se renforce lorsque cette opposition est ratifiée et thématisée, V. Désaccord.
ii)
En ce qui concerne la forme, on peut distinguer deux formes principales d’argumentativité dans le développement des discours qui se développent dans une situation argumentative.
— Deux monologues juxtaposés, contradictoires, sans allusion l’un à l’autre, constituent un diptyque argumentatif, chaque partenaire élabore, répète et réaffirme sa position, V. Antithèse
— Ce “diptyque argumentatif” s’articule et se complexifie en intégrant la réfutation de la position opposée (V. Rôles).