Unité Mixte de Recherche 5191
CNRS / ENS de Lyon / Université Lumière Lyon 2
Directrice : Isabel Colón de Carvajal
Courriel : icar-dir@ens-lyon.fr
Site Web : http://icar.cnrs.fr
Programme des prochains séminaires de l’équipe
Jeudi 16 octobre 2025
J.-P. Magué (ENS Lyon / ICAR). Compétences sociolinguistiques des grands modèles de langage : représentations sociales et considérations épistémologiques
G. Kahng (U. Lyon 2 / ICAR). Les prépositions complexes à tête en : identification, classification et analyse sémantico-pragmatique
Vendredi 14 novembre 2025
D. Vigier (U. Lyon 2/ ICAR). La préposition complexe dans le cadre de: les clefs d’une réussite.
R. Venegas (Pontificia Universidad Católica de Valparaíso (PUCV)). From corpus linguistics to PEUMO: empirical evidence of a didactic intervention for thesis writing in engineering
Vendredi 12 décembre 2025
Pierre Halté (U. Paris Cité / EDA). Les images dans des séquences argumentatives polylogales en contexte numérique : du calcul de la modalité à la construction de situations argumentatives »
Alain Rabatel (U. Lyon 1 / ICAR). Le plurisystème ponctuationnel dans un texte philosophique : textualité dialogique réflexive et figure d’auteur surplombante
Jeudi 22 janvier 2026
D. Mayaffre (CNRS – Université Côte d’Azur, BCL (Bases, Corpus, Langage)) Parcours interprétatifs avec l’IA (transformer et modèles convolutionnels)
[Résumé à venir]
L. AZORIN (ENS Lyon / ICAR)
[Résumé et titre à venir]
Vendredi 27 février 2026
M. Hagafors (U. Lyon 2 / ICAR) Les structures, configurations et formats des propositions dans les commerces et les consultations médicales en français, anglais et suédois
A. Brenon (ENS Lyon / ICAR) Bilan d’étape sur la version numérique de La Grande Encyclopédie (1885-1902)
Vendredi 20 mars 2026
L. Gardelle (UGA Grenoble / LIDILEM). Les génériques au-delà des énoncés descriptifs à GN pluriel
E. Prak-Derrington (ENS Lyon / ICAR). Qui dit « ego » ? Du déictique du générique : l’exemple de la première personne dans les mèmes « POV »
Vendredi 24 avril 2026
W. de Mulder (U. Anvers, Belgique). Comment analyser la polysémie des prépositions ? L’exemple de sur.
Quelques références
– Amiot D. (2005). Sur(-) préposition et préfixe: un même sens instructionnel? Revue de Sémantique et Pragmatique 15/16, 101-119. – Col G. (2017). Construction du sens : un modèle instructionnel pour la sémantique. Berne : Peter Lang.
– Desclés J.-P. (2004). Analyse syntaxique et cognitive des relations entre la préposition sur et le préverbe sur- en français. Etudes cognitives 6, 21-46.
– Fortis J.-M. (2009). Les adpositions spatiales et le problème de la polysémie. In : J. François, E. Gilbert, C. Guimier & M. Krause, éds. Autour de la préposition. Caen : Presses Universitaires de Caen, 183-193.
– Langacker, R. (2006). On the continuous debate about discreteness. Cognitive Linguistics 17(1), 105-151.
– Taylor J.R. (2003). Linguistic Categorization. Third edition. Oxford : Oxfrod University Press.
– Vandeloise C. (1986). L’espace en français : sémantique des prépositions spatiales. Paris : Editions du seuil.
– Vandeloise C. (1991). Spatial prepositions : A case study in French. Chicago : The University of Chicago Press.
– Victorii B. & Fuchs C. (1996). La polysémie. Construction dynamique du sens. Paris : Hermes.
– Victorri B. (2003). Langage et géométrie : l’expression langagière des relations spatiales. Revue de synthèse124, 119-138.
L. Ménière (ENS Lyon / ICAR) La synesthésie comme marqueur linguistique : avancées expérimentales et réorientations méthodologiques
Jeudi 21 mai 2026
J.-P Magué (ENS Lyon / ICAR) & N. Rossi-Gensane (U. Lyon 2 / ICAR). Peut-on faire confiance aux intelligences artificielles ? L’exemple des catégories aspectuelles dans le domaine sémantique
M. Groccia (U. Lyon 2 / ICAR). Le supplément émotionnel. Étude de cas : la performance radiophonique, ou l’émotion située.
Vendredi 19 juin 2026
L. Acosta C. & N. Rossi-Gensane(U. Lyon 2 / ICAR) Étude syntaxique, sémantique et pragmatique des PPI fondées sur « ce + (ne) + est + (pas) + ADJECTIF »
Notre objectif général est donc la caractérisation de cette famille de constructions en montrant que le caractère figé, ou non compositionnel, dépend fortement des environnements syntaxiques et interactionnels dans lesquels ces constructions se spécialisent à différents degrés.
Bohas (ENS Lyon / ICAR) & B. Ulbricht (ICAR). Eléments de linguistique submorphémique en arabe et en allemand
Vendredi 10 juillet 2026
M.-L. Durand (U. Lyon 2 / CeRLA)
[Titre et résumé à venir]
L. Faivre (ENS Lyon / Icar)
[Titre et résumé à venir]
L. Bigarnet (U. Lyon 2 / ICAR)
[Titre et résumé à venir]
Séminaires du 1er semestre 2025
(a) Birds fly. ‘Les oiseaux, ça vole.’
(b) Boys don’t cry. (~Boys shouldn’t cry.) ‘Les garçons, ça ne pleure pas.’ (~ ‘Les garçons ne doivent pas pleurer / Les garçons, ça ne doit pas pleurer.’)
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer l’interprétation normative de phrases telles que (b). Knobe & Prasada (2013) notent que certains concepts, comme scientist (‘scientifique’), peuvent s’appliquer à deux ensembles partiellement différents de membres selon qu’on considère le métier ou les valeurs morales associées : ils les nomment « concepts au caractère duel » (dual character concepts). Leslie (2015) conclut de cette étude que scientistest polysémique, à l’inverse par exemple de bartender (‘barrista’) – même si ce dernier peut faire l’objet d’une coercition. L’approche par polysémie, cependant, n’explique pas l’interprétation normative de (b). Dans un cadre pragmatique, Hesni (2021b) avance que de nombreux génériques sont en fait des instructions, et que l’interprétation normative dépend du contexte (voir aussi Lemeire 2023). Mais cette approche semble cette fois trop permissive.
Je propose l’approche des Modèles Cognitifs Idéalisés de Lakoff (1987) comme approche plus pertinente pour comprendre les faits. Avec son célèbre exemple de mère, Lakoff montre qu’un certain nombre de concepts sont divisés en domaines (pour la mère : naissance, généalogie, attitude nourricière, etc), et que chacun a son MCI. Le MCI global du concept est celui qui fait converger tous ces sous-MCI, mais il n’est pas nécessaire pour une entité d’avoir toutes les caractéristiques pour être membre de la catégorie. Je voudrais montrer que de nombreux concepts incorporent ainsi des attentes normatives dans divers domaines, comme le montrent des indices en contexte. Bartender (‘barrista’), par exemple, implique des attentes en termes de comportement (ex. le professionnalisme) : voir I hope you’re a real bartender and not just some fag who works at his dad’s restaurant (warosu.org). Dans ces autres domaines, le nom est inséré dans un réseau de catégories (ici fag who works…) distinct du réseau créé par le domaine professionnel, et fortement évaluatif. De même, pour (b) ci-dessus, boy est en lien avec sissy ou crybaby(‘poule mouillée’, ~‘pleurnichard’). Ce mécanisme n’est pas réservé à l’humain, comme le montrent par exemple: (forum) Jack Daniel’s, that’s no whisky, that’s some bloody american window-cleaning liquid! / (forum immobilier, à propos d’un appartement en sous-sol dont le salon n’a pas de fenêtres) It’s not a flat, it’s a dungeon! Les locuteurs ont parfaitement conscience que Jack Daniels est malgré tout un whisky, que le logement visité est bien un appartement, etc.
Je propose également d’établir une distinction entre les normes telles qu’elles sont intériorisées dans les concepts (cf. également les topoi d’Anscombre) et l’utilisation en contexte d’un générique de la forme de (b), qui est un choix argumentatif. Pour qu’il y ait interprétation normative de (b), il faut que la catégorie se situe au sommet de son réseau évaluatif, rendant la propriété désirable. De plus, il me semble qu’il y a une différence majeure entre la forme boys don’t cry et boys shouldn’t cry (génériques déontiques) : seul le premier exprime directement le Modèle Cognitif Idéalisé (du domaine du comportement), et présente ainsi la propriété comme « ce que font les garçons dignes de ce nom », brouillant ainsi la distinction entre descriptif et normatif, plutôt que comme un simple idéal vers lequel les garçons devraient tendre (should).
Bibliographie sélective
Anscombre, Jean-Claude. 1995. La théorie des topoï : sémantique ou rhétorique ? Hermès, La Revue 15: 185-198.
Haslanger, Sally. 2011. Ideology, generics, and common ground. In C. Witt (ed.), Feminist Metaphysics: Explorations in the ontology of sex, gender, and the self. New York: Springer, 179-207.
Hesni, Samia. 2021a. Normative generics: Against semantic polysemy. Thought: A Journal of Philosophy, 1-8.
Hesni, Samia. 2021b. Generics as instructions. Synthese 199 (5-6):12587-12602.
Karczewski, Daniel & Marcin Trojszczak. 2020. Normative generics and norm breaching. A questionnaire-based study of parent-child interactions in English. Studies in Logic, Grammar and Rhetoric 61(74): 49-68.
Knobe, Joshua, Sandeep Prasada & George E. Newman. 2013. Dual character concepts and the normative dimension of conceptual representation. Cognition 127: 242-257.
Lancri, Annie. 2006. Les emplois qualitatifs de all, some et no ou la notion revisitée. Cycnos 23(1).
Lemeire, Olivier. 2023. ‘Philosophers care about the truth’: Descriptive/normative generics. Mind and Langage 38(3): 772-786.
Leslie, Sarah-Jane. 2015. ‘Hillary Clinton is the only man in the Obama administration’: dual character concepts, generics, and gender. Analytic Philosophy 56(2): 111-141.
Zeifert, Mateusz. 2024. How to do ‘ought’ with ‘is’? A Cognitive Linguistics approach to the normativity of legal language. International Journal for the Semiotics of Law 2024: 1-26.
Séminaires SST 2017-2024
2020 :
2018 :
2017 :
Unité Mixte de Recherche 5191
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