Cet ouvrage explicite dans un premier temps le concept d’organisation phonosémantique du lexique. Dans cette perspective est ensuite étudiée la matrice {[antérieur], [dorsal]} corrélée à l’invariant notionnel « la courbure ». Cette matrice se réalise dans 951 racines (au sens traditionnel du terme), ce qui correspond à plus d’un millier de radicaux dans l’organisation proposée. Il apparaît clairement que dans cette perspective le lexique n’est pas une simple liste de racines rangées alphabétiquement sans aucun lien les unes avec les autres. Au contraire, par le biais de l’organisation en matrices et étymons, toutes les relations croisées fondées à la fois sur le son et le sens sont explicitement formulées, ou, pour mieux dire, sur la relation motivée entre l’articulation du son (donc le rôle des organes dans cette articulation) et le sens auquel réfèrent les lexèmes constitués de ces sons ; lequel sens est mimétiquement lié aux positions des organes concernés par l’articulation en question.
Cela n’est possible que parce que les constituants primitifs du lexique ne se composent pas de phonèmes mais de traits, ce qui permet de rassembler tous les mots présentant concomitamment un même trait phonétique et un même invariant notionnel, ce dernier étant motivé par l’articulation en jeu dans le premier (par exemple, la notion de « nez » pour le trait [+nasal], la « courbure » pour le trait [dorsal] etc.). La prise en compte du trait phonologique constitue bien un nouveau paradigme dans l’étude du lexique.